Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/300

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l’ordre, dont M. de Barbezieux eut la charge. Il avoit alors soixante-neuf ans, et il touchoit au décanat du conseil. Qui eût voulu faire, exprès un chancelier de cire l’eût pris sur M. Boucherat. Jamais figure n’a été si faite exprès ; la vérité est qu’il n’y falloit pas trop chercher autre chose, et il est difficile de comprendre comment M. de Turenne s’en coiffa, et comment ce magistrat soutint les emplois, quoique fort ordinaires, par lesquels il passa. Il ne fut point ministre, et MM. de Louvois et Colbert, qui étoient lors les principaux, contribuèrent fort à son élévation pour n’avoir aucun ombrage à craindre. De sa première femme Fr. Marchand, il eut Mmes de Fourcy et de Morangis ; de la seconde qui étoit une Loménie, veuve d’un Nesmond[1], avec trois filles, il n’en eut que Mme d’Harlay. Ses trois gendres furent conseillers d’État, et le dernier, ambassadeur plénipotentiaire à la paix de Ryswick, comme il a été dit en son temps. Le chancelier avoit quatre-vingt-quatre ans quand il mourut. Il y avoit longtemps qu’il étoit infirme, et que M. et Mme d’Harlay qui logeoient avec lui, ses secrétaires, et surtout Boucher, qui étoit le premier et qui ne s’y est pas oublié, faisoient tout et lui faisoient tout faire.

M. de Pontchartrain, le premier président, MM. Courtin, d’Aguesseau, Pomereu, La Reynie, conseillers d’État, et les deux premiers au conseil royal des finances, furent ceux dont on parla le plus. Quelques-uns parlèrent aussi de MM. de Caumartin et Voysin.

    brevet ordinaire. Jean veut se parer de l’ordre sans bourse dé1ier. Avec Tagrèment du roi, et le marché fait et déclaré avec Paul, Jean se met entre Pierre et lui, fait un achat simulé de la charge de Pierre, et y est reçu par le roi. Quelques semaines après, il donne sa démission, fait une vente simulée à Paul, et obtient le brevet accoutumé. » C’était ce brevet de vétéran des ordres du roi que l’on appelait le râpé des ordres.

  1. La seconde femme du chancelier Boucherat, Anne-Françoise de Lomènie. n’était pas veuve d’un Nesmond, mais de Nicolas Bretel, seigneur de Grémonville, ambassadeur de France fi Venise de 1645 à 16111 et mort à Paris en 1648. La Biographie universelle et le Dictionnaire de la noblesse se sont trompés sur la date de la mort de Nicolas Bretel. Cette date est fixée par les papiers de la famille de Grémonville.