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Notes.


II. L’ABBÉ D’ALBRET ET L’ABBÉ LE TELLIER.


Page 165.


Saint-Simon dit (t. II, p. 165) que lorsque l’abbé d’Albret, plus tard cardinal de Bouillon, soutint ses thèses en Sorbonne, l’abbé Le Tellier était déjà coadjuteur de l’archevêque de Reims. Il y a dans ce récit une erreur chronologique. L’abbé d’Albret soutint ses thèses le 29 février 1664, et ce fut plus de quatre ans après, le 30 mai 1668, que l’abbé Le Tellier devint coadjuteur de l’évêque-duc de Langres, et ensuite de l’archevêque-duc de Reims. Comme ces faits ont une certaine importance dans le récit de Saint-Simon, et que d’ailleurs on ne connaît qu’assez imparfaitement ces détails, je citerai deux passages du Journal inédit d’olivier d’Ormesson, qui fixent avec la dernière précision l’ordre chronologique. L’auteur raconte d’abord les incidents de la thèse de l’abbé d’Albret.

« Le vendredi 29 février 1664, l’après-dînée, je fus en Sorbonne à l’acte de M. le duc d’Albret[1], neveu de M. de Turenne. M. l’archevêque de Paris présidoit[2]. Le répondant se couvroit quelquefois comme étant prince, et la chose avoit été ainsi résolue en Sorbonne, dont les jeunes bacheliers de condition étoient fort offensés, et avoient fait ligue entre eux de ne point disputer. J’ai su depuis que l’abbé de Marillac seul, des bacheliers de condition, avoit disputé, M. le premier président l’ayant voulu absolument pour obliger M. de Turenne ; que les autres lui avoient fait reproche ; que l’abbé Le Tellier s’étoit le plus signalé, ayant dit beaucoup de choses fort désobligeantes. »

On voit que l’abbé Le Tellier n’étoit encore promu à cette époque à aucune dignité ecclésiastique. Ce fut seulement le 30 mai 1685[3], comme l’atteste le même Journal, qu’il devint coadjuteur de l’évêque duc de Langres, et quelques jours plus tard de l’archevêque-duc de Reims. « Le jeudi 14 juin 1668, dit Olivier d’Ormesson, je fus faire mes compliments à M. l’abbé Le Tellier sur la coadjutorerie de l’archevêché de Reims. Il en témoignoit une joie très-grande, comme d’un

  1. Emmanuel-Théodose de La. Tour, né en 1644, mort en 1715. Il fut nommé cardinal en 1669, et porta depuis cette époque le nom de cardinal de Bouillon.
  2. L’archevêque de Paris était alors Hardouin de Péréfixe, dont Saint-Simon parle à l’occasion de cette soutenance.
  3. « Le mercredi 30 mai. M. l’abbé Le Tellier est coadjuteur de M. l’évêque et duc de Langres. » Journal d’Olivier d’Ormesson.