Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/115

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

maître de la chapelle ; et maître de l’oratoire. Ce prélat devient presque toujours cardinal, s’il ne l’est déjà quand on lui donne la charge. Si par un hasard qui est arrivé quelquefois, l’archevêque de Compostelle venoit à la cour, il effaceroit le patriarche des Indes, qui, même cardinal, ne seroit plus rien en sa présence.

Comme il n’y vient jamais, le patriarche dispose de tout ce qui est de la chapelle, et les sommeliers de cortine, qui sont les aumôniers du roi, et fort souvent gens de la première qualité, sont sous lui et dans son absolue dépendance. Il y a en Espagne la même dispute qu’ici sur l’indépendance de la chapelle du roi du diocésain, qui empêche l’archevêque de Tolède de se trouver à la chapelle, où il ne veut pas aller sans y faire porter sa croix que le patriarche des Indes n’y veut pas souffrir ; et sur les autres prétentions d’exemption, ils se chamaillent toujours, et, chacun en tire à soi quelque chose.

La reine d’Espagne, outre ses dames, a aussi deux grands officiers, son majordome-major et son grand écuyer ; mais elle n’a point de chapelle, de chancelier, ni les autres officiers qu’ont ici nos reines. Son majordome-major a dans la maison de la reine toutes les mêmes choses que celui du roi a chez lui, et trois majordomes sous ses ordres, mais ceux-là sont d’une condition et d’une considération fort inférieure à ceux du roi qui ont les détails des fêtes, des spectacles,

    importantes du royaume il n’avait pas seulement la direction de la chapelle royale, mais la surveillance des hôpitaux, la nomination des professeurs du Collége royal (plus tard Collége de France) la disposition d’une partie des bourses dans les colléges de Louis-le-Grand, de Navarre, de Sainte-Barbe, etc. Outre le grand aumônier et le premier aumônier, il y avait huit aumôniers qui servaient par quartier ils devaient se trouver au lever et au coucher du roi et à tous les offices de l’église auxquels il assistait. Ils présentaient l’eau bénite au roi, et, pendant le service divin, tenaient ses gants et son chapeau ; aux repas du roi, ils bénissaient les viandes et disaient les grâces. Le maître de chapelle avait sous sa direction la chapelle-musique, et le maître de l’oratoire les huit chapelains et le clergé inférieur. Voy., pour les détails, le Traité des Offices, de Guyot, t. 1er.