Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/182

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d’un capitaine de ses gardes, frère du marquis de Beuvron et de la duchesse d’Arpajon. Madame leur donna quatre mille livres de pension à chacune, et le roi deux logements à Versailles auprès de celui de Madame, et les mena toujours depuis toutes deux à Marly, ce qui fut réglé une fois pour toutes. Avant cela, elle voyoit peu la maréchale de Clérembault, que Monsieur haïssait, et point du tout la comtesse de Beuvron, qu’il haïssait encore davantage pour des tracasseries et des intrigues du Palais-Royal. Très rarement elle la voyoit dans quelque intérieur de couvent à Paris en cachette ; mais à découvert elle lui écrivoit tous les jours de sa vie par un page qu’elle lui envoyoit de quelque lieu où elle fût.

Le roi drapa six mois et fit tous les frais de la superbe pompe funèbre. Le lundi, 13 juin, toute la cour parut en long manteau devant le roi. Monseigneur, qui étoit venu le matin de Meudon, quitta le sien seulement pour le conseil, au sortir duquel il alla à Saint-Cloud en long manteau donner l’eau bénite avec tous les princes du sang, et M. de Vendôme, et force ducs, tous en rang d’ancienneté, et fut reçu au carrosse par M. le duc d’Orléans et la maison de Monsieur. L’abbé de Grancey, premier aumônier de Monsieur, lui présenta le goupillon et aux deux fils de France ses fils ; un autre aumônier à tous les autres.

L’après-dînée du même jour, toutes les dames vinrent en mante chez Mme la duchesse de Bourgogne, qui y étoit aussi avec toutes les princesses du sang.

Le cercle assis il ne dura qu’un moment, et Mme la duchesse de Bourgogne, suivie de toute cette cour, alla chez le roi, chez Madame, chez M. et chez Mme la duchesse d’Orléans, puis monta en carrosse au derrière avec Mme la grande-duchesse, trois princesses du sang au devant, Mme la Duchesse à une portière et la duchesse du Lude à l’autre, suivie de cinquante dames dans ses carrosses ou dans des carrosses du