Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/196

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chose. C’étoit en 1658 qu’il commandoit l’armée d’Espagne aux Pays-Bas, et que l’empereur le fit aussi comte de l’empire. Il eut des gouvernements et des établissements qui lui firent épouser une Balzac-Entragues, cousine germaine de la marquise de Verneuil qui devint héritière, mais dont le fils, qui est celui dont je parle, n’en fut pas plus riche aussi était-ce un panier percé. Il rendit compte au roi assez au long des affaires militaires d’Italie. Il eut les mêmes appointements et traitements pécuniaires qu’Harcourt ; le roi voulut même qu’il eût en tout un équipage et une maison pareille, lui dit de les commander, et paya tout. Aussi Marsin n’étoit-il pas en état d’y fournir. Je l’avois fort connu à l’armée et à la cour, et il venoit souvent chez moi ; Charost aussi, qui étoit intimement de mes amis, avoit fait cette liaison entre nous, et Marsin l’avoit fort désirée et la cultivoit soigneusement à cause de la mienne, si intime avec les ducs de Beauvilliers et de Chevreuse, laquelle n’étoit plus ignorée de personne, mais non encore sue au point d’intimité où elle étoit déjà, et de confiance qui, de leur part, commençoit à poindre.

Dès que le bagage de Marsin fut prêt, et il le fut bientôt, parce que le roi payoit, on le fit partir d’autant plus vite que le, Portugal se joignit alors à l’Espagne, et que M. de Savoie signa le traité du mariage de sa fille avec le roi d’Espagne, et celui de la jonction de ses troupes avec les nôtres et celles d’Espagne en Italie qu’il devoit commander en chef, avec Catinat sous lui pour les nôtres, et Vaudemont pour les espagnoles.

Je m’aperçois qu’en parlant de la Toison de M. le duc de Berry et de M. le duc d’Orléans, j’ai oublié une chose importante. Le testament du roi d’Espagne en faveur de la postérité de la reine sa sœur, épouse du roi, n’avoit point, à son défaut, rappelé celle de la reine sa tante, mère du roi, mais au contraire M. de Savoie et sa postérité, plus éloignée que celle de la reine mère. Monsieur et M. le duc