Flatterie des ricos-hombres sur leur couverture. — Affaiblissement de ce droit et de leur nombre. — Première gradation. — Charles-Quint. — Deuxième gradation : ricos-hombres abolis en tout. — Grands d’Espagne commencent et leur sont substitués. — Grandeur de la grandesse au dehors des États de Charles-Quint. — Troisième gradation : couverture et seconde classe de grands par Philippe II. — Trois espèces de grands et deux classes jusqu’alors. — Quatrième gradation : patentes d’érection et leur enregistrement de Philippe III. — Nulle ancienneté observée entre les grands, et leur jalousie sur ce point et sa cause. — Troisième classe de grands. — Grands à vie de première classe. — Nul autre rang séculier en Espagne en la moindre compétence avec ceux du pays. — Seigneurs couverts en une seule occasion sans être grands. — Cinquième gradation : certificat de couverture. — Suspension de grandesse en la main du roi. — Exemples entre autres du duc de Médina Sidonia. — Sixième gradation : grandesses devenues amovibles et pour les deux dernières classes en besoin de confirmation à chaque mutation. — Grandesse ôtée au marquis de Vasconcellos et à sa postérité. — Septième gradation : tributs pécuniaires pour la grandesse. — Mystères affectés des trois différentes classes
L’occasion de parler un peu de la dignité de grand d’Espagne et de la comparer avec celle de nos ducs est ici trop naturelle pour n’y pas succomber.
Ce n’est pas un traité que je prétends donner ici de ces dignités, mais, à
l’occasion du mécontentement et du mémoire des ducs d’Arcos et de Baños,
donner une idée des grands d’Espagne, d’autant plus juste que je me suis
particulièrement appliqué à m’en instruire par eux-mêmes en Espagne, et
que je n’ai pas vu qu’on se l’ait formée telle qu’elle est. Quoique les
digressions soient d’ordinaire importunes, celle-ci s’excusera elle-même par
sa curiosité.
La dignité des grands d’Espagne tire son origine des grands fiefs relevant
immédiatement de la couronne, et comme la totalité de ce que nous appelons
aujourd’hui l’Espagne étoit divisée en plusieurs royaumes, tantôt
indépendants, tantôt tributaires, tantôt membres les uns des autres, selon le
sort des armes ou celui du partage des familles des