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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/229

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rois, chaque royaume avoit ses grands ou premiers vassaux relevant immédiatement du grand fief qui étoit le royaume même, et qui de tout temps avoient le droit de bannière et de chaudière. Le premier est trop connu dans nos histoires et dans notre France pour avoir besoin d’être expliqué. Celui de chaudière marquoit les richesses suffisantes pour fournir à l’entretien de ceux qui étoient sous la bannière levée par le seigneur banneret. Ces seigneurs étoient plus ou moins considérables, non seulement par leur puissance particulière, mais encore par celle des royaumes dont ils étoient vassaux immédiats. C’est ce qui a fait que la couronne de Castille ayant toujours tenu le premier lieu dans les Espagnes depuis que de comté dépendant du royaume de Navarre elle devint royaume elle-même, et bientôt supérieure à tous les autres, même à celui dont elle étoit sortie, et encore à celui de Léon, ses premiers vassaux furent aussi les plus considérés parmi les premiers vassaux des autres royaumes, et par la même raison ceux d’Aragon après eux.

Les fréquentes révolutions arrivées dans les Espagnes par les différentes divisions et réunions qui se firent sous tant de rois séparés, et qui furent encore augmentées par l’espèce de chaos que l’invasion des Maures y apporta, par la rapidité de leurs conquêtes, et les événements divers de l’étendue de leur puissance, altéra l’économie des fiefs immédiats à proportion de celle des dynasties, trop souvent plus occupées à s’agrandir aux dépens les unes des autres que de se défendre ensemble de l’ennemi commun de leur religion et de leur État, tandis que cet ennemi en profitoit avec autant d’adresse que de force. Cette confusion, qui dura jusque bien près du temps des rois qui ont usurpé le nom de catholiques par excellence, qu’ils ont transmis à leurs successeurs, ne laisse voir rien de bien clair ni de bien réglé parmi ces premiers vassaux des divers royaumes des Espagnes, sinon la part qu’ils avoient aux affaires, plus par