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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/236

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en Espagne, ou de l’honneur de se couvrir. J’en remets la description et de ses différences pour ne pas interrompre le gros de cette matière. S’il n’osa tenter de donner des patentes, il exécuta pis : c’est que, laissant les grands qu’il trouva dans la possession de l’honneur qu’ils avoient de se couvrir avant de commencer à lui parler, il voulut que ceux qu’il fit commençassent découverts à lui parler, et n’en créa aucun que de cette sorte. Ce fut ainsi qu’il donna l’être à la seconde classe des grands, et par même moyen qu’il forma la première classe de ceux de Charles-Quint, qui jusqu’alors avoit été l’unique.

Pour résumer un moment avant de passer outre, jusqu’ici trois espèces et deux classes de grands. Trois espèces : la première, ceux qui au couronnement impérial de Charles-Quint passèrent par insensible manière de l’état de ricos-hombres à celui de grands, en conservant sous un autre nom, le rang et les usages dont ils étoient en possession, et continuant à se couvrir devant Charles-Quint sans qu’il leur dit le cobrios[1], ni qu’il parût de sa part aucune marque de concession, tandis que le reste des ricos-hombres demeura anéanti quant à ce litre, et à tout le rang, honneurs et usages qu’ils y prétendoient être attachés.

La seconde espèce, ceux tant Espagnols qu’étrangers, sujets de Charles- Quint, qu’il fit grands par ce seul mot cobrios, qu’il leur dit une fois pour toutes, sans cérémonie s’ils étoient présents, ou s’ils étoient absents par une simple lettre missive d’avis, par quoi ceux-là redevinrent ce qu’ils n’étoient plus, s’ils avoient été ricos-hombres, ou s’ils ne l’avoient pas été, ils devinrent ce qu’ils n’avoient jamais été : ces deux espèces, aussi sans concession en forme, ce qui vient d’être expliqué pour la deuxième n’en étant pas une, et la première encore moins, puisque ce ne fut que par une simple tolérance d’usage qu’elle continua de jouir des

  1. Couvrez-vous.