Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/342

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supplièrent le roi après son souper, ou de le faire duc, M. le duc d’Orléans portant la parfile. Cette folie d’Épernon fut en effet son chausse-pied, mais les moments n’en étoient pas venus, un obstacle invincible l’arrêtoit encore Mme de Montespan vivoit, et Mme de Maintenon la haïssait trop pour lui donner le plaisir de voir l’élévation de son fils.

Malgré elle, M. de Chevreuse fut plus heureux, par la permission qu’il obtint de donner sa charge de capitaine des chevau-légers de la garde au duc de Montfort son fils. Elle ne put jamais revenir de l’affaire de M. de Cambrai à l’égard de ses anciens et persévérants amis qui l’avoient tant été d’elle-même ; elle haïssait surtout le duc de Chevreuse et la duchesse de Beauvilliers. M. de Beauvilliers, elle le supportoit davantage quoiqu’elle ne l’aimât guère mieux ; Mme de Chevreuse étoit la moins dans sa disgrâce : mais le roi étoit si parfaitement revenu pour tous les quatre, que Mme de Maintenon ne put jamais leur donner d’atteinte. Ainsi finit cette année et tout le bonheur du roi avec elle.




CHAPITRE XVIII.


1702. — Bals à la cour et comédies chez Mme de Maintenon et chez la princesse de Conti. — Longepierre. — Mort de la duchesse de Sully. — Mort étrange de Lopineau. — Mort et aventures de l’abbé de Vatteville. — Mariage de Villars et de Mlle de Varangeville. — Délibération sur le voyage de Philippe V en Italie. — Brillante situation d’Harcourt qui lui fait espérer d’être ministre. — Position brillante d’Harcourt en Espagne. — Son embarras entre les deux. — Caractère d’Harcourt. — Conférence très singulière. — Raison pour et contre le voyage. — Harcourt arrête la promotion des maréchaux