Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/362

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son parti, et tint ferme à n’avoir plus de particuliers avec lui, mais d’ailleurs le traitant bien et même avec distinction. Ce changement l’affligea au dernier point. Il avoit évité le bâton de maréchal de France, comme le plus dangereux écueil, avec tout le soin possible ; il avoit également échoué à s’entretenir avec le roi d’Espagne, et à rompre son voyage d’Italie, et il se voyoit frustré de ce grand but auquel il vouloit atteindre, et dont il s’étoit trouvé si longtemps tout près. Mme de Maintenon, qui pour ses vues particulières n’en fut pas moins désolée que lui, le soutint et le consola par l’espérance de profiter plus heureusement, pour ne pas dire plus sagement, d’autres conjonctures qui pourroient naître, et qui pourroient le porter de nouveau au même but, auquel pour lors il n’étoit plus possible de songer.




CHAPITRE XIX.


Retour de Catinat. — Promotion d’officiers généraux. — Ma réception au parlement. — Visites qui la précèdent ; pièges que j’y évite. — Je quitte le service. — Bagatelles qui caractérisent. — Bougeoir. — Soupers de Trianon. — Duc de Villeroy arrivé d’Italie. — Journée de Crémone. — Situation de Crémone et qui y commandoit. — Maréchal de Villeroy pris. — Aventure de Montgon. — Villeroy hautement protégé du roi et traité en favori. — Revel chevalier de l’ordre. — Praslin lieutenant général.


Catinat arrivé d’Italie, où sa patience avoit essuyé de si cruels dégoûts, salua le roi à son dîner, un jour qu’il avoit pris médecine ; le roi lui fit un air assez gracieux, lui dit quelques mots, mais ce fut tout ; nul particulier ; le roi ne lui dit pas même qu’il l’entretien droit, et le modeste maréchal