Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/415

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Le comte d’Estrées revenu à Toulon, M. le comte de Toulouse partit pour s’y rendre accompagné d’O, qui fut fait chef d’escadre. Cheverny, attaché comme d’O à Mgr le duc de Bourgogne, n’avoir depuis beaucoup d’années aucune santé pour l’accompagner à la guerre ni pour monter même un moment à cheval. Tellement que le roi leur joignit en quatrième Gamaches qu’on avoit longtemps appelé Cayeux, qu’il avoit mis auprès de M. le duc d’Orléans avant la mort de Monsieur, et qui depuis étoit à louer, parce que ce prince avoit une maison, et presque toute celle de feu Monsieur. Le choix parut encore plus sauvage que la première fois, mais au moins celui-là avoit de l’honneur et de la valeur, il avoit été toute sa vie à la guerre, et y était arrivé au grade de lieutenant général. Il suivit donc Mgr le duc de Bourgogne avec Saumery, aussi attaché à. lui, et qui avoit été son sous-gouverneur.

Le roi, qui fit servir M. du Maine dans son armée où son ancienneté le faisoit le second lieutenant général, rusa pour qu’il fût le premier ; il fit entrer Rosen dans son cabinet qui étoit le premier et mestre de camp général de cavalerie, et lui dit qu’il le destinoit à être attaché à la personne de son petit-fils, et à lui servir de conseil pour sa conduite. Cette proposition, qui ne put être accompagnée que de force cajoleries, flatta Rosen qui l’accepta. C’étoit un Allemand rusé et fort délié sous une apparence et même une affectation de grossièreté et de manière de reître, qui vit bientôt après à quoi il devoit ce choix, et qui se repentit bien de s’être laissé duper. Il vouloit être maréchal de France ; il commandoit l’aile droite comme premier lieutenant général, et toute la cavalerie comme mestre de camp général : c’étoit encore lui que regardoient de droit les détachements considérables qui se pouvoient faire par des corps séparés. Tout cela le conduisoit au bâton, et tout cela était incompatible avec l’état de mentor du jeune prince qui de plus avoit beaucoup d’épines du côté de la cour et de l’armée. Réflexion