Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/418

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vécu. Il n’avoit conservé de sa nation que la probité, le courage et la dignité, la libéralité et la magnificence ; du reste doux, affable, prévenant, poli, ouvert, du commerce le plus commode et le plus agréable, avec beaucoup d’esprit, et toujours gracieux et obligeant, il s’étoit fait aimer et estimer partout, et adorer des François depuis qu’ils étoffent sous ses ordres. Parfaitement uni avec le maréchal de Boufflers, bien avec tous les commandants et intendants de nos frontières, il avoit tellement plu au roi, qu’il obtint, sans lui en avoir rien laissé pressentir, la grandesse de première classe pour lui, en même temps que le comte d’Estrées reçut la même grâce. Bedmar étoit de la maison de Benavidès, mais il portoit le nom de La Cueva par cette coutume des majorasques et des alliances espagnoles dont j’ai parlé à l’occasion de la grandesse d’Espagne. L’une et l’autre maison ont des grands. Le duc d’Albuquerque est La Cueva ; mais il faut remarquer que cette maison castillane est éteinte depuis bien des siècles, et que toute la maison de La Cueva descend du mariage de Marie La Cueva avec Hugues Bertrand qui était François, et dont les enfants quittèrent leur nom et leurs armes pour prendre le nom seul et les armes pleines[1] de La Cueva. Un François de ce nom, qui épouse une telle héritière, pourroit bien être de cette ancienne maison déjà illustre longtemps avant le maréchal Robert Bertrand septième du nom, sous le règne de Philippe de Valois. Je me suis étendu sur le marquis de Bedmar, parce que je l’ai fort vu et connu en Espagne.

  1. Les armes pleines sont celles qui sont entières, d’une pièce, sans divisions, brisures, ni mélanges.