Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/6

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qui s’y passe, rend les grands seigneurs espagnols indifférents à tout le reste du monde. La première marque qu’il en donna fut de supplier le roi d’Espagne de trouver bon que, pour ménager sa santé et n’entendre pas si souvent discuter des choses qui ne pouvoient que lui faire peine, il s’assemblât hors de sa présence aussi souvent qu’il le jugeroit nécessaire pour lui rendre un compte abrégé des résolutions qu’il estimeroit devoir être prises, et des ordres en conséquence à lui demander.

Portocarrero[1], Génois de la maison Boccanegra, mais depuis longtemps établie en Espagne par le mariage d’une héritière de la maison Portocarrero, qui, suivant la coutume d’Espagne, lui avoit imposé son nom et ses arme, étoit à la tête de ce conseil comme cardinal, archevêque de Tolède, primat et chancelier des Espagnes et diocésain de Madrid. Il étoit oncle paternel du comte Palma, grand d’Espagne ; Don J. Thomas Enriquez, duc de Rioseco, comte de Melgar, amirante de Castille, qui avoit été gouverneur de Milan ; Don Fr. Benavidès, comte de S. Estevan del Puerto, qui avoit été vice-roi de Sardaigne, de Sicile et de Naples ; Don Joseph Fréd. de Tolède, marquis de Villafranca, majordome-major du roi, avoit été vice-roi de Sicile ; Don Pierre-Emmanuel de Portugal-Colomb, duc se

  1. Cette énumération des membres du conseil d'État d’Espagne a été supprimée dans les précédentes éditions. Elle est cependant indispensable comme le reconnaîtra tout lecteur attentif, pour comprendre la suite du récit de Saint-Simon ; en effet il se réfère plusieurs fois au tableau qu’il a tracé du conseil d'£tat d’Espagne en 1700. Les éditeurs ont peut-être cru (car on doit chercher une explication raisonnable de cette étrange omissiom) que Saint-Simon traitait de ce conseil, en 1721, à l’époque de son ambassade en Espagne. Il parle, en effet, du conseil d'État de cette époque, mais il a soin d’ajouter à l’occasion d’Ubilla « Il avoit eu le sort commun à tous ceux à qui Philippe V avait obligation de sa couronne, que la princesse des Ursins fit chasser. Aussi le conseil d'État, dont il est question à la date de 1721 n’a-t-il rien de commun avec celui de 1700.