Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/121

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voulu s’amuser à les poursuivre ; que l’armée étoit le 2 campée à Saint-Georges, entrée sur trois colonnes dans la plaine ; qu’elle n’étoit plus qu’à trois lieues de Rothweil et Villingen ; qu’on n’entendoit point parler du prince Louis depuis qu’on l’avoit tournoyé et laissé à côté ; qu’enfin la jonction avec l’électeur étoit désormais sûre et certaine. Il ajouta des détails sur les vivres, les convois et, l’artillerie, qui furent satisfaisants ; et que Saint-Maurice et Clérembault, lieutenants généraux, étoient demeurés avec quatre bataillons et vingt-trois escadrons à Offenbourg, où le maréchal de Tallard venoit d’arriver.

Villars ne voulut point attaquer Villingen, qu’il laissa sur la gauche, pour ne point retarder sa marche. Il détacha le 4, de Donausching, d’Aubusson, mestre de camp de cavalerie, avec cinq cents chevaux, pour aller porter de ses nouvelles à M. de Bavière. Ce prince avoit aussi envoyé cinq cent chevaux au-devant du maréchal. Les détachements se rencontrèrent, se reconnurent, et ce fut grande joie des deux côtés. Villars avoit avec lui cinquante bons bataillons et soixante escadrons, avec pouvoir de faire des brigadiers et de donner amnistie aux déserteurs voulant revenir. Enfin le maréchal de Villars vit, le 12 mai, l’électeur de Bavière, qui pleura de joie en l’embrassant, et le combla en son particulier de tout ce qui se peut de plus flatteur, et témoigna une grande reconnoissance pour le roi. Il lui fit voir ses troupes et faire trois salves de canon et de mousqueterie, jetant le premier son chapeau en l’air et criant : Vive le roi ! ce qui fut imité par toute son armée.

Deux jours après, l’électeur vint dîner chez le maréchal, et voir une trentaine de nos bataillons, qui le reçurent avec de grands cris de Vive le roi et monsieur l’électeur ! Il les trouva parfaitement belles. Contentons-nous de les avoir mis ensemble pour le présent, et allons voir ce qui se passa ailleurs.

La reine d’Angleterre, fort incommodée d’une glande au sein, dont elle guérit à la longue par un régime très sévère,