Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/131

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Madot, prêtre de Saint-Sulpice, qui en fut, bientôt après, récompensé d’un bon évêché. Je ne dirai rien ici de ce M. d’Aubigné, parce que j’en ai parlé suffisamment ailleurs.

Le roi, qui haïssait tout ce qui étoit lugubre, ne voulut pas que Mme de Maintenon drapât, comme on faisoit encore alors pour les frères et les sœurs, non pas même que ses valets de chambre ni ses femmes, fussent vêtus de noir, et elle-même en porta un deuil fort léger et fort court. Il ne vaqua par cette mort qu’un collier de l’ordre, et le gouvernement de Berry, dont le comte d’Ayen, son gendre, avoit la survivance.

Ce gendre étoit tombé dans une langueur où les médecins ne purent rien connoître, et qui, sans maladie autre qu’une grande douleur au creux de l’estomac, le réduisit à l’extrémité. Il ne fut pas question de songer à faire la campagne. Il passa l’été au coin du feu, enveloppé comme dans le plus rigoureux hiver. Mme de Maintenon l’alloit voir souvent, et ce qui parut de bien extraordinaire, Mme la duchesse de Bourgogne y passoit des aprèsdînées, et quelquefois sans elle. Soit fantaisie de malade, soit raisons domestiques, il se lassa d’être dans l’appartement de son père et de sa mère, où lui et sa femme étoient très commodément logés, et si vaste que cela s’appeloit la rue de Noailles, et tenoit toute la moitié du haut de la galerie de l’aile neuve. Il fit demander à l’archevêque de Reims son logement à emprunter, qui étoit à l’autre extrémité du château. Il n’en avoit point d’autre, et la demande étoit d’autant plus incivile que l’archevêque étant lors au plus mal avec le roi, et le comte d’Ayen n’étant pas le maître de lui céder celui que M. le duc de Berry avoit quitté depuis quelque temps, sous celui du duc de Noailles, où il s’étoit mis, c’étoit déloger tout à fait l’archevêque. J’avance ce délogement pour ne pas séparer le raccommodement de l’archevêque de Reims de trop loin de sa disgrâce, et rapporter de suite l’une et l’autre. Ce sont de ces curiosités de cour dont les époques ne sont pas importantes dans leur