Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/153

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France, et sans preuves. Ce fut pour gratifier M. Amyot, évêque d’Auxerre, qui avoit été son précepteur et des rois ses frères, et que Charles IX lit grand aumônier. Il étoit aussi porté par les Guise, et se livra depuis à la Ligue avec tant d’ingratitude que, quelque débonnaire que fût Henri IV, une des premières marques qu’il donna de son autorité fut de le priver de la charge de grand aumônier de France à la fin de 1591, et de la donner au célèbre Renaud de Beaune, archevêque de Bourges alors, puis, de Sens ; en conséquence de quoi M. Amyot fut en même temps privé de porter l’ordre, et M. de Beaune le reçut le dernier jour de cette année dans l’église de Mantes des mains du maréchal de Biron père, qui fit en même temps son fils chevalier du Saint-Esprit par commission d’Henri IV, qui n’étoit pas encore catholique.

Les quatre autres charges furent : chancelier, garde des sceaux et surintendant des deniers de l’ordre en une seule et même charge, qui a été quelquefois, quoique rarement, partagée ; prévôt et grand maître des cérémonies en une seule charge, qui n’a jamais souffert de division ; grand trésorier, et greffer. Henri III fit ces charges en faveur de ses ministres, ou plutôt des Guise, qui se les voulurent dévouer de plus en plus, les lui firent établir en leur faveur d’une manière sans exemple, dans les deux autres grands ordres, la Jarretière et la Toison, et même l’Éléphant, dont les officiers, qui sont des ministres, des évêques et des personnes au moins aussi considérables dans leurs cours, depuis l’institution de ces ordres jusque aujourd’hui, que l’ont été et le sont nos grands officiers de l’ordre, ne portent aucunes marques de la Toison et de l’Éléphant (et ceux de la Jarretière une marque entièrement différente en tout de celle des chevaliers), au lieu que les grands officiers de celui du Saint-Esprit eurent par leur institution les mêmes marques sur leur personne, hors les jours de cérémonie de l’ordre, que les chevaliers du Saint-Esprit. Je dis les grands