Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 4.djvu/161

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de la foiblesse d’Henri III la survivance de cet important gouvernement, en faveur du mariage que M. d’Alincourt eut en titre, en novembre de la même année, par la mort de Mandelot, son beau-père. Ce fut, pour le dire en passant, ce qui fit la première grande fortune des Villeroy, comme, je le dirai pour la curiosité ciaprès.

M. de Villeroy fut chassé en septembre 1588, après les Barricades de Paris, avec les autres ministres créatures des Guise, lorsque Henri III eut enfin pris la résolution de se défaire de ces, tyrans avant qu’ils eussent achevé d’usurper sa couronne. En perdant osa charge de secrétaire d’État, il perdit sa charge de l’ordre, et le cordon bleu par conséquent. Ses propres Mémoires, et tous ceux de ce temps, montrent son dévouement aux, Guise et à la Ligue, et en même temps quand il en désespéra, avec quel art il sut se retourner et persuader Henri IV qu’il lui avoit rendu de grands services. Sa grande capacité, son expérience, l’important gouvernement de son fils, tant de personnages considérables à qui il tenoit, tout contribua à persuader à Henri IV, si facile pour ses ennemis, de lui rendre sa charge et sa place dans le conseil, où il crut s’en servir utilement, et dans lesquelles ce prince le conserva toute sa vie avec une grande considération. Sa charge de l’ordre étoit donnée à Rusé de Beaulieu, avec celle de secrétaire d’État, à qui Henri IV, venant à la couronne, les confirma toutes deux. Villeroy eut la charge de secrétaire d’État qui vaqua en 1594, et comme Henri IV étoit content de Rusé de Beaulieu, qui avoit eu les charges de M. de Villeroy, il ne voulut pas lui ôter celle de l’ordre pour la rendre à Villeroy comme il lui avoit laissé celle de secrétaire d’État du même ; mais en remettant Villeroy dans sa confiance et dans son conseil il lui permit verbalement de reprendre je cordon bleu, quoiqu’il n’eut plus de charge, et ce fut le premier exemple d’un cordon bleu sans charge. Quelque nouvelle que fût cette grâce, il en obtint une bien plus étrange. Ce fut de faire Alincourt, son fils, chevalier du Saint-Esprit, le