Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/224

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situation critique dans laquelle il le laissoit. Il attendit à Mantoue La Feuillade pour s’aboucher avec lui sur les partis et les mesures à prendre, et les troupes qu’il pourroit lui envoyer de son siège.

Vendôme arriva le samedi dernier juillet à Versailles. Il salua le roi à la descente de son carrosse. Il fut reçu en héros réparateur ; il suivit le roi chez Mme de Maintenon, où il demeura longtemps avec lui et Chamillart. Il y vanta le bon état où il avoit laissé toutes choses en Italie avec une audace sans pareille, et assura que le prince Eugène ne pourroit jamais secourir Turin. Le dimanche il fut voir Monseigneur à Meudon, et travailla après longtemps chez Chamillart. Le lundi 2 août, M. de Vendôme fut longtemps seul avec le roi dans son cabinet. Il en reçut une lettre de sa main, portant ordre à tous les maréchaux de France de prendre l’ordre de lui, et de lui obéir partout. C’est où M. du Maine et lui en vouloient venir sans patente, et où ils arrivèrent enfin par degrés, contre le goût et la volonté du roi ; et de cette sorte sans patente, M. de Vendôme, quoique sans mention de sa naissance, fut mis en parfoit niveau avec les princes du sang. Il prit congé transporté d’aise, s’en alla coucher à Clichy, d’où il partit le lendemain pour Valenciennes. Le maréchal de Villeroy, qui s’étoit tenu fort obscurément à Saint-Amand, reçut en même temps son congé, et partit aussitôt pour revenir. Il ne vit ni ne rencontra M. de Vendôme.

Ce retour fut bien différent de ceux de toutes les précédentes années. Il arriva à Versailles le vendredi 6 août, et vit le roi chez Mme de Maintenon ; cela fut court et sec. Il obtint sans peine de différer quelques jours à prendre le bâton, sur ce que son équipage n’étoit pas arrivé, et qu’il avoit beaucoup d’affaires. Il étoit dans son quartier de capitaine des gardes. Il s’en retourna promptement à Paris, ne vit point Chamillart, et acheva de gâter ses affaires par se plaindre hautement de lui. Ce n’étoit plus le temps où le