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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/76

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et grosses prises et de combats particuliers de nos vaisseaux et de nos armateurs sans la mort de Saint-Paul, qui s’y étoit le plus signalé, et qui fut fort regretté. Il mourut en se rendant maître de onze vaisseaux marchands venant de la mer Baltique par la prise de trois gros vaisseaux anglois qui les convoyoient. Cette action se passa le dernier octobre. Saint-Paul ne laissa que trois neveux fort jeunes ; le roi donna des pensions à tous les trois.

La Feuillade, ou son secrétaire, fit une méprise qui coûta bon. Il manda au gouverneur d’Acqui de le venir joindre avec sa garnison. Au lieu d’Acqui, il mit d’Asti ; et le gouverneur de cette dernière place obéit. M. de Savoie, incontinent averti d’une évacuation si peu attendue, se saisit d’Asti tout aussitôt, et mit tout le Montferrat à contribution. La Feuillade marcha pour la reprendre ; il fallut emporter des postes sur le chemin. En arrivant sur Asti, il trouva toutes les troupes du duc de Savoie et du comte de Staremberg, qui étoient derrière la place, dans laquelle ils firent passer beaucoup de cavalerie et d’infanterie, qui tomba rudement sur la tête de la petite armée que La Feuillade amenoit. On fit fort valoir qu’il mit pied à terre à la tête des grenadiers, qu’il rétablit le combat, qu’il poussa les ennemis jusque sur la contrescarpe, qu’il prit deux étendards. On ne se vanta point de la perte, et on mit sur le compte des pluies et du débordement des rivières la retraite qu’il fit d’Asti, où il étoit arrivé pour en faire le siège, mais où il avoit trouvé ce combat à soutenir, à Casal, où son dessein n’avoit pas été d’aller. On perdit à ce combat d’Asti Imécourt et force gens, et Asti demeura au duc de Savoie.

Les pertes d’hommes en Allemagne et en Italie, plus grandes par les hôpitaux que par les actions, firent prendre le parti d’une augmentation de cinq hommes par compagnie, et d’une levée de vingt-cinq mille hommes de milice, laquelle fut une grande ruine et une grande désolation dans les provinces. On berçoit le roi de l’ardeur des peuples à y