Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 6.djvu/141

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pairie qu’il en obtint de Charles IX, et les deux chefs des branches de Royan et de Noirmoutiers. Ce premier duc de La Trémoille, gendre du connétable Anne de Montmorency, fut père du second duc de La Trémoille, qui se fit huguenot, dont bien lui valut pour ce monde ; cela lui fit épouser une fille du fameux Guillaume de Nassau, prince d’Orange, fondateur de la république des Provinces-Unies, et marier sa sœur au prince de Condé, chef des huguenots ; après son père, tué à la bataille de Jarnac. La mère de la duchesse de La Trémoille étoit Bourbon-Montpensier, cette fameuse abbesse de Jouars qui en sauta les murs. Henri IV fit pair de France ce second duc de La Trémoille. Son fils, troisième duc de La Trémoille, épousa Mlle de La Tour, sa cousine germaine, enfants des deux sœurs ; elle étoit fille du maréchal de Bouillon et sœur de M. de Bouillon, et de M. de Turenne, de la comtesse de Roye, de la marquise de Duras, mère des maréchaux de Duras et de Lorges, et de la marquise de La Moussaye-Goyon. Ce duc de La Trémoille, ou touché de la grâce, ou frappé de la décadence du parti huguenot, avec qui il n’y avoit plus guère à gagner avec les chefs qui lui restoient, prit habilement [pour abjurer] le temps du siège de la Rochelle, et le cardinal de Richelieu pour son apôtre. Ce premier ministre, qui se piquoit de savoir tout, et qui en effet savoit beaucoup, avoit beaucoup écrit sur la controverse dans les temps de sa vie où il n’avoit pas eu mieux à faire. Il se trouva flatté de la confiance du duc de La Trémoille en ce genre, et il ne fut pas insensible à trouver du temps au milieu des soins de ce grand siège, et de toutes les autres affaires, pour l’instruire et recevoir publiquement son abjuration. La récompense en fut prompte il le fit mestre de camp général de la cavalerie, et lui donna son amitié pour toujours. Sa femme étoit digne fille de son père, et digne sœur de ses frères, elle se garda bien de laisser faire son fils catholique : le père l’étoit, c’étoit assez. Il porta le nom de prince de Tarente, dont aucun ne s’étoit avisé