Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 6.djvu/30

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charges, de gouvernements principaux et d’établissements de toutes les sortes) ? N’est-ce point là être frappé du plus prodigieux aveuglement.




CHAPITRE II.


Procès de Mme de Lussan, qui me brouille publiquement avec M. le Duc et Mme la Duchesse. — Fortune, mérite, mort du maréchal d’Estrées. — Vues terribles de Louvois. — Mort de la marquise de La Vallière. — Mort de Mme de Montespan. — Sa retraite et sa conduite depuis. — Son caractère. — Politique des Noailles. — Sentiments sur la mort de Mme de Montespan des personnes intéressées. — Caractère et conduite de d’Antin. — Avarice de d’Antin. — Il supprime le testament de Mme de Montespan.


Il m’arriva au printemps de cette année une affaire qui fit un grand éclat dans l’été. J’en supprimerois ici l’ennui inséparable de ce détail, si les suites de cette affaire dans le cours de ma vie ne m’y engageoient pas, nécessairement, par l’influence qu’elles ont eue sur de plus importantes que les miennes.

Pour entrer dans cette explication, il faut se souvenir que le dernier connétable de Montmorency avoit épousé en secondes noces une Budos, sœur du marquis de Portes, tué au siège de Privas en 1629, étant chevalier de l’ordre de 1619, et vice-amiral, près d’être fait maréchal de France et surintendant des finances. Cette Budos eut le dernier duc de Montmorency, qui eut la tête coupée en 1632, et Mme la Princesse, mère de M. le Prince le héros, de M. le prince de Conti et de Mme de Longueville. Le marquis de Portes laissa de la sœur du duc d’Uzès deux filles et point de garçons,