CHAPITRE IV.
Le duc de Marlborough, arrivé à la Haye d’assez bonne heure, en étoit reparti pour aller visiter les électeurs de Saxe et de Brandebourg et le duc d’Hanovre. Pendant ce temps le duc de Vendôme étoit à Mons qui prenoit du lait. Vers la fin de mai les armées s’assemblèrent et la campagne se commença. Vendôme, en apparence sous l’électeur de Bavière, mais en effet à peine sous le roi même, couloit les jours sur sa chaise percée, au jeu, à table, comme je l’ai représenté (t. V, p. 134 et suiv.) ; et comme il s’étoit rendu incapable désormais de pouvoir faire autrement, il ne songeoit qu’à jouir d’une gloire qu’il n’avoit jamais acquise, et d’honneurs qu’il arrachoit, comme que ce pût être, laissant à l’électeur la permission de jouer le plus gros jeu, et à Puységur tout le faix de l’armée, dont il n’entendoit jamais parler. Ainsi se passa toute cette campagne, dont il pensa payer la mollesse chèrement. Paresseux à son ordinaire de décamper et n’en voulant croire personne, il eut tout à coup l’armée ennemie sur les bras. Puységur le lui avoit prédit