Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 6.djvu/82

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CHAPITRE IV.


Campagne de Flandre. — Paresse dangereuse de Vendôme. — Belle campagne du Rhin. — Pillages et audace de Villars. — Ragotzi proclamé prince de Transylvanie. — L’empereur humilié par le roi de Suède, qui passe en Russie. — Expéditions heureuses à la mer. — Tempête fatale en Hollande. — Ravages de la Loire et leur cause. — Expédition du duc de Savoie en Provence et à Toulon. — Conduite de l’évêque de Fréjus avec le duc de Savoie. — Digression curieuse sur ce prélat, devenu cardinal et maître du royaume. — Mesures pour la défense de Toulon et de la Provence. — Retraite de M. de Savoie de Provence.


Le duc de Marlborough, arrivé à la Haye d’assez bonne heure, en étoit reparti pour aller visiter les électeurs de Saxe et de Brandebourg et le duc d’Hanovre. Pendant ce temps le duc de Vendôme étoit à Mons qui prenoit du lait. Vers la fin de mai les armées s’assemblèrent et la campagne se commença. Vendôme, en apparence sous l’électeur de Bavière, mais en effet à peine sous le roi même, couloit les jours sur sa chaise percée, au jeu, à table, comme je l’ai représenté (t. V, p. 134 et suiv.) ; et comme il s’étoit rendu incapable désormais de pouvoir faire autrement, il ne songeoit qu’à jouir d’une gloire qu’il n’avoit jamais acquise, et d’honneurs qu’il arrachoit, comme que ce pût être, laissant à l’électeur la permission de jouer le plus gros jeu, et à Puységur tout le faix de l’armée, dont il n’entendoit jamais parler. Ainsi se passa toute cette campagne, dont il pensa payer la mollesse chèrement. Paresseux à son ordinaire de décamper et n’en voulant croire personne, il eut tout à coup l’armée ennemie sur les bras. Puységur le lui avoit prédit