Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/135

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me contenter de l’usage ordinaire qui est que le greffier vous apporte chez vous un témoignage, tout dressé et qu’on signe, ce qui est une manière de formule un peu diversifiée pour varier les quatre témoignages que le rapporteur lit tout haut en rapportant. J’en pris occasion de rendre public ce que je pensois d’un si vertueux personnage que sa dernière action venoit de combler d’honneur. Je le dictai donc au greffier lorsqu’il vint chez moi, je le signai et j’en envoyai un double signé aussi au maréchal de Boufflers, dont il fut fort touché. Les trois autres témoins furent le duc d’Aumont, parce qu’il faut cieux pairs, et deux autres qui furent M. de Choiseul, doyen des maréchaux de France alors, et Beringhen, premier écuyer, tous deux chevaliers de l’ordre.

La vérification ou enregistrement des lettres d’érection et la réception du maréchal se fit tout de suite le mardi matin 19 mars. Comme il s’agissoit de l’une et de l’autre à la fois, tout le parlement fut assemblé, en sorte qu’avec les pairs, les conseillers d’honneur et honoraires, et les quatre maîtres des requêtes qui s’y peuvent trouver ensemble, nous étions près de trois cents sur les fleurs de lis. Tout ce qui put s’y trouver de pairs y assista, et jamais tant de seigneurs, de gens de toutes sortes de qualités ni une telle affluence d’officiers, surtout de ceux qui sortoient de Lille.

M. le Duc prit cette occasion de mener pour la première fois M. le duc d’Enghien son fils au parlement, comme font toujours les princes du sang à l’occasion d’une réception de pair, auxquelles toutes tous se trouvent toujours. Pelletier, premier président, en fit un petit mot de compliment à M. le Duc, et y mêla fort à propos quelque chose sur M. le prince de Conti, qui venoit de mourir. M. le Duc répondit si bas que personne ne put l’entendre.

Comme on s’assembloit et qu’on prenoit place, arriva le nouveau pair fort accompagné, qui, outre tout ce que j’ai