Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/158

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comme ses parents à recevoir M. le prince de Conti à l’eau bénite ; il invita les princes de Tarente et de Rohan, le comte de Roucy et Blansac son frère et Lassai, gendre bâtard de M. le Prince, dont les quatre premiers ne furent pas contents. Apparemment que M. de Bouillon en avoit été informé d’avance, car il défendit au duc d’Albret, invité aussi, de s’y trouver, qui envoya s’excuser sur cette défense. M. le Duc le prit avec tant de hauteur qu’il obtint du roi un ordre à M. de Bouillon de lui aller faire excuse.

M. de Fréjus, aujourd’hui cardinal Fleury et maître du royaume, dit les oraisons à l’eau bénite, ce qui ne fut pas à M. le prince de Conti, parce qu’il n’étoit pas premier prince du sang.

Tout ce qui avoit été donner de l’eau bénite à M. le prince de Conti y fut aussi à M. le Prince, et de plus le nonce à la tête de tous les ambassadeurs, lesquels tous ensemble, et en manteaux longs, visitèrent M. le Duc et M. le duc d’Enghien qui se trouva avec lui. Ces princes se trouvèrent accompagnés de parents invités non ducs, comme à l’eau bénite.

Il en usa de même au transport du cœur fait par l’évêque de Fréjus aux jésuites de la rue Saint-Antoine, qui fut mis auprès de ceux des deux derniers princes de Condé. Il crut apparemment de sa grandeur d’y avoir des ducs et se ravisa. M. le Duc, qui alla l’y attendre, n’invita de parents pour s’y trouver sans les y mener que les ducs de Ventadour, de La Trémoille et de Luxembourg ; il n’y eut rien de rangé aux jésuites, et M. le Duc y évita tout lieu de préséance, parce qu’il y invita aussi le prince Charles, fils de M. le Grand, le prince, de Montbazon, le prince de Rohan, les comtes de Roucy et de Blansac avec Lassai.

Ainsi, la mort de M. le Prince est la première époque de l’invitation des princes étrangers comme parents, avec des ducs qui, parents aussi, l’avoient toujours été et jamais ces princes. Comme ce n’est pas le roi qui nomme cet accompagnement,