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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/32

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Mais il étoit à bout des procédures et des procédés. Les régiments des gardes françaises et suisses eurent ordre le même jour de se tenir prêts à marcher le ter février. On verra dans les commencements de l’année prochaine, le succès de ces grands préparatifs.

La tranchée fut ouverte à Gand la nuit du 24 au 25 décembre où le comte de La Mothe avoit pour deux mois de vivres, tant pour la garnison que pour les habitants, qui étoient quatre-vingt mille ; beaucoup de canon et de mortiers, et quatre cent milliers de poudre. Mme de Ventadour, qui s’obstinoit à le vouloir voir maréchal de France, lui procura encore cette défense, pour effacer le funeste succès de ce grand convoi des ennemis qu’il vouloit enlever, et qui le battit si vilainement, par où s’acheva la perte de Lille.

La dernière soirée de cette année fut fort remarquable, parce qu’elle n’avoit point eu d’exemple. Le roi étant entré, au sortir de son souper, dans son cabinet avec sa famille, à l’ordinaire, Chamillart y vint sans être mandé. Il dit au roi, à l’oreille, qu’il lui apportoit une grande dépêche du maréchal de Boufflers. Aussitôt le roi donna le bonsoir à Monseigneur et aux princesses, qui sortirent avec tout ce qui étoit dans les cabinet, et le roi travailla une heure avec son ministre avant de se coucher, tant il étoit épris du grand projet de la reprise de Lille.




CHAPITRE III.


1709. — La Mothe rend Gand et est exilé. — La Boulaye, gouverneur d’Exilles, à la Bastille, pour l’avoir rendu. — La Junquière dégradé et prisonnier pour avoir rendu le Port-Mahon. — Mort de Mme de Villetaneuse. — Mort des deux neveux du maréchal de Boufflers.