Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/336

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dans ce qu’elle dit à Mme de Saint-Simon, qu’elle tâcheroit, par elle-même et par Mme de Maintenon, de profiter de toutes les occasions de me raccommoder avec le roi. Elle savoit mieux qu’elle ne disoit, et que Mme de Maintenon y étoit le plus grand obstacle. Chamillart le trouva tel, lorsqu’au commencement du mariage de sa dernière fille et de notre amitié, il me trouva mal avec le roi pour avoir quitté le service, et m’y voulut raccommoder et me remettre des voyages de Marly. Il en eut jusqu’à des disputes fortes, et souvent redoublées, avec Mme de Maintenon, avec qui alors il étoit dans l’entière intimité, et ce ne fut qu’avec beaucoup de temps et de peine qu’il vint à bout, non de la changer à mon égard, mais d’obtenir d’elle qu’elle ne s’opposeroit plus à Marly, et qu’elle cesseroit de me nuire. Je l’ai su de Chamillart même, qui ne voulut jamais s’en laisser entendre du vivant du roi, même depuis sa disgrâce, de peur ; à ce qu’il me dit depuis, de me dégoûter trop, et d’exposer ma colère à me faire plus de mal encore avec elle. Je m’étois bien douté qu’elle ne m’étoit pas favorable, je ne savois pourquoi au juste, quoique je me défiasse de M. du Maine, qui toutefois ne se lassoit jamais de m’accabler de politesses, même recherchées ; mais, pour la haine, je ne la sus que lorsque, après la mort du roi, Chamillart me demanda ce que j’avois fait à cette fée, pourquoi elle me haïssait tant, et me conta ce que je viens de dire.

Pour Mme la duchesse, de Bourgogne, je fus redevable des impressions dont Mme de Saint-Simon la fit revenir à M. et à Mme d’O. On a vu (t. Ier, p. 362 et depuis) quels ils étoient. Le mari avoit conservé la confiance du roi, et ses entrées privées, de l’éducation du comte de Toulouse. [On a vu] son hypocrisie étudiée, la protection du duc de Beauvilliers, dupe achevée par sa charité ignorante, son importance, une sorte de considération, et le tout à l’épreuve de sa campagne de mer et de celle de terre dont j’ai parlé. Il étoit créature de Mme de Maintenon, sa femme encore davantage, et si