Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/431

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dont l’explication ne pouvoit lui être faite, parce qu’elle ne rouloit que sur sa faiblesse ? Comment s’excuser sur l’usage de tant d’esprit prétendu, puisque jamais je n’avois été ni attaqué là-dessus, ni eu occasion d’en profiter ? Enfin, comment se laver d’avoir des amis qui me faisoient honneur par leur réputation, leur mérite, leurs places, et la part qu’ils avoient dans les affaires, et dans, l’estime et la confiance du roi, et dont l’amitié eût tenu lieu de mérite auprès de lui, à tout autre qu’à moi ?

Le rare est qu’on ne relevoit point celle qui étoit entre M. le duc d’Orléans et moi, quoique si publique et si peu ménagée, et lui si mal auprès du roi. Rien ne montroit davantage le ressort qui faisoit agir. On ne craignoit pas l’usage que je pourrois faire de celle-ci, on redoutoit celui que je pourrois tirer des autres. Mais de tout cela nul moyen d’en revenir auprès du roi, qu’on avoit prévenu là-dessus comme sur des choses très dangereuses, et sur lesquelles il ne se pouvoit rien alléguer.

C’étoit l’effet de la jalousie d’une part, du dépit de l’autre, de ceux que je n’avois pas ménagés pendant la campagne de Lille, et qui s’étoient aperçus que j’avois vu trop clair dans leurs desseins. Ils en craignoient les retours dans un temps ou dans un autre, et ils n’avoient rien épargné pour me mettre hors de combat pour toujours.

Les affaires de rang que j’avois soutenues, l’impatience des usurpations sur lesquelles je ne m’étois pas contraint, les fripons de toute espèce sur lesquels je m’étois quelquefois expliqué un peu librement, peu de commerce toute ma vie avec la jeunesse, dont la dissipation, le futile, la débauche de quelques-uns, ne m’alloient point, tout cela ensemble faisoit un groupe et un cri sous lequel je succombois, et dont ces amis qu’on relevoit si fort étoient trop faibles pour me défendre.

Le pari de Lille fut un autre sujet qui avoit mis à mon égard le doigt sur la lettre, à la cabale de Vendôme, qui en