Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/434

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que Mme de Saint-Simon n’avoit fait que me présenter. Il s’étendit en exemples vivants sur ce qu’aucun de ceux dont la fortune pouvoit avoir fait et faire encore envie, n’y étoit parvenu sans avoir passé par des situations plus fâcheuses que celle où je me croyois ; qu’il ne s’agissoit point de bassesses, pour s’en relever, mais de conduite et de sagesse. De là il vint aux dégoûts présents par lesquels il falloit passer, qu’il compara à ceux que je me préparois par une retraite. Il me maintint qu’il y avoit moins d’honneur et de courage à réjouir mes ennemis en leur quittant la partie, et me mettant de leur côté pour accomplir sur moi leurs désirs, qu’à leur résister et à faire ce que je devois pour ramener la fortune ; et il finit par la considération de mon âge et de celui de ceux à qui j’avois affaire.

La chancelière se mit de la partie ; je répondis, ils répliquèrent. J’omets ce qu’ils alléguèrent sur ce que je pouvois faire et devenir, que l’amitié et l’estime grossissoient. Enfin ils me dirent que ce que j’aurois de plus journellement incommode à essuyer étoit de loger à la ville, parce que, outre l’incommodité, cela entraînoit mille contretemps, et rompoit le commerce et la société dont on tire imperceptiblement tant d’avantages. Que de cela je ne pouvois m’en prendre qu’à la disgrâce d’autrui, non à la mienne ; que le roi avoit compté que le logement de M. le maréchal de Lorges me demeureroit ; que je l’avoir si bien cru moi-même que, depuis sept ans que je l’occupois, je n’avois demandé aucun de ceux qui avoient vaqué ; que ce n’étoit la faute de personne si mon beau-frère, délogé de chez son beau-père, reprenoit le logement de son père, qui lui avoit été donné à sa mort, qu’il n’avoit point habité par la promptitude de son mariage ; qu’ainsi ce n’étoit point là ce que je devois prendre comme un dégoût ; puis, revenant sur l’incommodité, ils m’offrirent ce qu’ils pouvoient, qui étoit une grande et belle chambre et une garde-robe chez eux au château, qui étoit le logement de leur frère, qui, par ses apoplexies, ne sortoit plus de sa