Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/435

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maison de Paris. Ils me dirent que je pourrois me tenir là dans la journée, si je n’y voulois pas coucher, Mme de Saint-Simon avoir où s’habiller, et tous deux y voir nos amis. L’un et l’autre m’en pressèrent jusqu’à m’embarrasser, et toujours Mme de Saint-Simon en silence pendant toute cette conversation, qui dura près de trois heures. Le chancelier la finit par me prier de ne plus rien dire ; mais de faire mes réflexions au moins pour l’amour de lui, et que nous verrions après l’impression qu’elles m’auroient faites.

Ils me parlèrent le lendemain sur Mme de Saint-Simon, sans elle, pour me battre par la considération de la triste vie que ma retraite lui feroit mener, et par celle de tous les usages dont elle me pouvoit être à la cour, où elle étoit indistinctement et unanimement aimée, estimée, considérée, à commencer par le roi. Il étoit vrai encore que Mme la duchesse de Bourgogne s’étoit plainte à Mme de Lauzun, plusieurs fois, de sa longue absence avec beaucoup d’amitié et d’intérêt, et que M. le duc d’Orléans l’avoit entretenue de la mienne souvent, à Marly, avec amertume, et cherchant les moyens de me ramener, jusqu’à me faire presser par elle de prendre le petit logement au château qu’avoit d’Effiat, comme étant son premier écuyer, et dont il pouvoit disposer à ce titre, d’Effiat surtout n’y venant presque jamais. Je n’avois pas la plus légère connoissance avec Effiat, et je me gardai bien d’accepter ainsi son logement d’un air de supériorité.

Tous ces entretiens me flattoient par l’amitié, m’importunoient par le combat, mais ne vainquirent ni mon dégoût ni ma résolution. Ils me jetèrent seulement dans un tiraillement qui, sans qu’il y parût, me mit extrêmement mal à mon aise.

Je fus trois nuits à Pontchartrain ; je m’y informai de la situation de M. le duc d’Orléans. Le chancelier m’apprit qu’elle ne pouvoit être plus triste, dans un éloignement du roi fort marqué, celui de Monseigneur incomparablement