Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

peu de jours après, et dont il étoit presque encore dans le premier effroi, n’a pas besoin de commentaire ; elle montre, sans qu’on ait besoin de le dire, ce qu’est un roi livré à un pareil confesseur, et qui ne parle qu’à lui, et ce que devient un État livré en de telles mains.

Maintenant il faut dire ce que c’étoit que le conseil des finances, et ce qui s’y faisoit, et qui est de même encore aujourd’hui. Le roi le tenoit tous les mardis matin et les samedis matin encore ; mais celui des samedis étoit supprimé toujours à Marly. Outre Monseigneur, et Mgr le duc de Bourgogne qui entroient en tous, il étoit composé du chancelier, parce qu’il avoit été contrôleur général ; du duc de Beauvilliers, comme chef du conseil des finances, de Desmarets, comme contrôleur général, et de deux conseillers d’État, comme conseillers du conseil royal des finances, qui étoient lors Pelletier de Sousy, et d’Aguesseau, père du chancelier d’aujourd’hui. Il faut se souvenir ici de ce qui a été rapporté ailleurs de la création de l’inutile charge de chef de ce conseil, lorsque Colbert, pour perdre Fouquet et se rendre maître des finances, persuada au roi d’en supprimer le surintendant et d’en faire la fonction lui-même. Ainsi ce conseil se passoit presque entier en signatures et en bons, que le roi mettoit et faisoit au lieu du surintendant, en jugements d’affaires entre particuliers, que leur nature ou la volonté du ministre y portoit, et en appel du jugement du conseil des prises des vaisseaux ennemis, mais marchands, que tenoit chez lui M. le comte de Toulouse, dont l’appel venoit au conseil des finances, que Pontchartrain y rapportoit, et où pour ces affaires seulement le comte de Toulouse entroit avec voie délibérative. Toutes les autres y étoient rapportées par le contrôleur général, où le comte de Toulouse et Pontchartrain n’entroient pas. Rien autre n’y étoit agité ni délibéré. Tout ce qui s’appelle affaires des finances, taxes, impôts, droits, impositions de toute espèce, nouveaux, augmentation des anciens, régies de toutes les sortes, tout cela