Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

succinctement l’histoire de ce qui s’est passé entre les titulaires de ces deux duchés-pairies, depuis leur érection jusqu’à présent, et d’y ajouter dans les endroits nécessaires de courtes réflexions, d’où on espère qu’il résultera avec évidence que cette question n’en fut jamais une, et que, si la considération de M. de La Rochefoucauld l’a tenue jusqu’à présent sans être jugée, tous les préjugés même du roi lui ont été manifestement et uniformément contraires. Il est seulement bon de représenter en un mot que, s’il arrivoit qu’il fût besoin d’une plus ample instruction, et d’entrer dans le fond de l’affaire, on est prêt d’y satisfaire par un mémoire tout fait il y a sept ou huit ans, et de suppléer encore à ce mémoire s’il n’étoit pas trouvé suffisant sans demander une heure de délai.

« L’érection de La Rochefoucauld est de 1622. L’enregistrement est de 1631. On supprime ici, avec un religieux silence, les causes d’un si long délai, et la manière dont cet enregistrement fut fait. Ni l’un ni l’autre ne seroient pas favorables à la cause de M. de La Rochefoucauld ; et si cette remarque, toute monosyllabe qu’elle est, n’étoit indispensable pour faire voir que ce n’est pas se prévaloir de la négligence de M. de La Rochefoucauld, on n’en auroit fait aucune mention.

« On souhaiteroit encore pouvoir taire un autre inconvénient qui a même jeté M. le duc de Saint-Simon dans un grand embarras, lorsqu’il a été obligé de faire travailler à cette affaire pour n’en pas tirer un avantage trop ruineux à M. de La Rochefoucauld. C’est le défaut d’hommage rendu au roi. Une érection en duché, marquisat ou comté, plus essentiellement en duché-pairie, est constamment la remise d’un fief que le vassal possède entre les mains du roi ; que le roi, après l’avoir repris, lui rend avec une dignité dont il l’investit par l’érection aux conditions portées par icelle qui sont respectives, savoir d’honneur et d’avantage pour le sujet, d’hommage et de service envers le seigneur, dont la