Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/227

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que M. de Saint-Simon a cherché par tous moyens de pallier, pour n’émouvoir pas une question si fâcheuse à un seigneur qu’il respecte, et qu’il a toujours constamment honoré. Pour en venir à bout, M. de Saint-Simon s’est trouvé réduit à dire que lorsque feu M. de La Rochefaucauld prêta serment en la manière accoutumée lorsqu’il fut reçu au parlement, ce serment emporta hommage, qui donc au-moins ne fut rendu qu’en cet instant ; et pareillement que la chambre des comptes établie si spécialement sur les foi et hommage, aveux et dénombrements [1] de la couronne, ne le put reconnoître, à faute d’hommage, qu’alors et deux mois après, lorsque son érection y fut vérifiée, c’est-à-dire en 1637.

« Deux ans auparavant, c’est-à-dire en 1635, le 2 février, l’érection de Saint-Simon avoit été faite et fut enregistrée. Feu M. le duc de Saint-Simon avoit rendu sa foi et hommage ; il avoit été reçu duc et pair au parlement, et feu M. le duc de La Rochefoucauld n’y avoit formé nulle opposition pour son rang. Il est vrai qu’étant reçu deux ans après il prétendit la préséance, et il ne l’est pas moins qu’il ne la put jamais obtenir, chose qui s’accorde si aisément par provision à ceux dont le droit est jugé le meilleur, en attendant un jugement définitif, comme il est arrivé en

  1. Il a été question de l’hommage et des cérémonies qui l’accompagnaient, t. II, p. 449. L’aveu était encore une espèce d’hommage, par lequel on se reconnaissait l’homme du seigneur. Voici une formule d’aveu extraite du Grand coutumier (t. II, p. 31) : « Tu me jures que d’ici en avant tu me porteras foi et loyauté comme à ton seigneur, et que tu te maintiendras comme homme de telle condition comme tu es ; que tu me payeras mes dettes (ce qui m’est dû) et devoirs bien et loyaûment, toutefois que payer les devras, ni ne pourchasseras choses pourquoi je perds l’obéissance de toi et de tes hoirs (héritiers), ni ne te partiras de ma cour, si ce n’est par défaut de droit et de mauvais jugement. En tout cas tu advoues ma cour pour toi et pour tes hoirs. » Le dénombrement était une déclaration que chaque vassal était tenu de faire à son seigneur quarante jours après l’hommage. Elle devait contenir rénumération de toutes les terres et droits qui dépendaient du seigneur. Ce dernier avait aussi quarante jours pour constater l’exactitude du dénombrement.