Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/240

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bon que je vous suggère un terme plus fort et plus vrai, c’est une fausse raison ; non que le raisonnement n’en soit juste et certain, mais c’est que ce n’est pas par là que la question doit se décider ; cependant c’est uniquement par rapport à l’autorité qu’on se détermine contre moi. Puisque je l’ai pour moi, n’ai-je pas raison de l’expliquer, et puisque ma cause est bonne et juste, ne dois-je pas lever la difficulté qui me la fait perdre, et prendre mon juge par l’endroit dont il est uniquement susceptible, et appuyer dessus en disant ce qui est, puisque sur cela seul je serai jugé, sans aucune considération pour nulle autre raison.

« De m’opposer qu’il est injuste à moi de prétendre être ouï, tandis que j’approuve que tant d’autres soient jugés sans être entendus, un mot vous fera voir, monsieur, que cela ne doit pas m’être objecté.

« De tout ce nombre de prétendants prêts à éclore, aucun jamais n’a intenté de procès, un seul en a eu la permission, et il en est encore à en faire le premier usage, par quoi il est encore dans la condition des autres qui ont des prétentions, mais n’ont jamais eu de procès. Ceux-là, qu’on les juge par un règlement sans les entendre, que peuvent-ils opposer ? leurs prétentions sont dans leurs têtes ; est-on tenu de les supposer, et de discuter des êtres de raison qui n’ont pas la première existence, et n’est-ce pas au contraire très-bien fait d’ôter aux chimères, aux êtres de raison toute possibilité d’exister ? Mais pour ceux dont les prétentions sont par l’aveu du roi juridiquement au jour, expliquées à des juges ou naturels ou pour ce permis, qu’un tribunal est saisi, que les parties sont en pouvoir de faire juger entre elles, il ne paroît pas juste de former un article entre elles sans y avoir égard, et c’est en effet ce qui a été trouvé si peu juste par le roi et par vous-même, que le consentement de feu M. de Luxembourg fût demandé et intervînt sur le point qui le regarde dans le règlement projeté de son temps, ce qui fait que le consentement de son fils n’est plus aujourd’