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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/239

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que vous me demandez. J’aurai l’honneur de vous les porter samedi avec votre lettre même pour que, sans rappeler votre mémoire, vous voyiez si je satisfois à tout. J’aurois trop à m’étendre sur ce qu’il vous plaît de me dire de flatteur ; en m’y arrêtant je m’enflerois trop. J’aime mieux m’arrêter au blâme, et vous rendre courtement et sincèrement compte de mes sentiments, comme on rend raison de sa foi.

Pour mes sentiments, pardonnez-moi si, avec tout respect, je demeure navré de ce qui regarde le sacre, et si je suis trop partie, ne soyez vous-même législateur qu’en vous mettant en la place de [ceux] sur qui portent les lois. C’est notre fonction la plus propre, la plus ancienne, la plus auguste, dont rien ne peut consoler et à laquelle d’ailleurs je ne me flatterois pas personnellement de pouvoir prétendre. Ainsi ce n’est pas moi que je pleure, mais la plaie de la dignité. Du reste, tout est si excellemment bon que si on venoit à mon avis que tout le reste passât tel qu’il est maintenant, ou que tout ce reste demeurât comme non avenu, je le ferois plutôt signer, sceller et enregistrer ce soir que demain matin, encore que le second article soit fâcheux en général, et que par un autre article je perde une cause personnelle que je tiens sans question, de bonne foi, et que vous-même trouvez bonne et juste. Voyez, monsieur, si c’est là être attaché à ses intérêts particuliers, et je vous parle en toute vérité.

« À l’égard de mon mémoire, oserois-je vous dire que je ne me crois pas tout à fait battu sur le défaut et la nécessité de l’hommage, et que, s’il en étoit question, et que vous me voulussiez traiter comme Corneille faisoit sa grossière servante, je crois que vous ne trouveriez pas mon opinion si déraisonnable. Je sais que la grande et indisputable raison est celle des offices et des officiers, mais comme elle n’est pas entrée lorsqu’elle a été mieux représentée que je ne pourrois faire en cent ans, je l’ai omise. Pour ce qui est de ce que vous appelez sophisme sur l’autorité des rois, trouvez