Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/316

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Ils revinrent longtemps après à Madrid, où ce duc d’Albe aida au duc del Arco, parrain de mon second fils, à faire les honneurs le jour de sa couverture. J’aurai alors occasion de parler de plusieurs autres grands de cette maison de Tolède, dont étoit ce digne marquis de Mancera dont il a été mention plusieurs fois.

Amelot à qui ses ambassades, où il avoit si bien servi, et surtout celle d’Espagne qui ne lui avoit rien valu après l’avoir mis à portée de tout, eut enfin pour son fils la charge de président à mortier de Champlâtreux, qui mourut d’apoplexie en s’habillant pour aller à la réception de d’Antin, et qui ne laissa personne en état ni en âge de la recueillir ; car le roi se souvenoit toujours du premier président Molé, garde des sceaux, et leur conserva cette charge tant qu’il y eut dans cette famille à qui la donner, qui y est revenu depuis. Bergheyck vit assez longtemps le roi en particulier, et les ministres séparément, passant de Flandre en Espagne, où le roi d’Espagne le mandoit avec empressement, et d’où Mme des Ursins en eut beaucoup plus à le renvoyer promptement.

Le roi d’Angleterre partit, en ce même temps, pour aller voyager par le royaume, ennuyé apparemment de ses tristes campagnes incognito, et plus encore de demeurer à Saint-Germain pendant la guerre. On soupçonna du mystère en ce voyage, sans qu’il y en eût aucun. Il alla avec une petite suite d’abord à Dijon, puis en Franche-Comté, en Alsace, et voir l’armée d’Allemagne ; de là par Lyon en Dauphiné, à l’armée du duc de Berwick, voir les ports de Provence, et revenir par le Languedoc et la Guyenne.

Le grand prieur, gobé comme on l’a remarqué en son temps, obtint enfin sa liberté, sur sa parole de ne point sortir de Soleure jusqu’à ce qu’il eût obtenu la liberté de ce brigand de fils de Massenar, prisonnier à Pierre-Encise, que le roi ne voulut point accorder.

Il avoit porté quelques jours de plus le deuil des enfants de Mme de Lorraine, par paresse de changer d’habit, ce qu’il