Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/334

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faite, et qui ne se fit point, ils ne m’en parleroient jamais.

Je vis rarement et sérieusement Pontchartrain depuis cette rare affaire, et c’est où nous en étions à la mort de Monseigneur. Pour le chancelier, je vécus avec lui tout à mon ordinaire ; elle n’apporta pas le moindre refroidissement entre nous, comme on le peut voir par ce qui a été rapporté sur la prétention d’Épernon et de Chaulnes, et l’édit de 1711, tant la reconnoissance eut de pouvoir sur moi. On verra bientôt qu’elle ne se borna pas là.




CHAPITRE XIV.


Splendeur du duc de Beauvilliers. — Causes, outre l’amitié, de sa confiance entière en moi. — Discussion de la cour entre lui et moi. — Torcy. — Desmarets. — La Vrillière. — Voysin. — Pontchartrain père et fils. — Caractère de Pontchartrain. — Je sauve Pontchartrain perdu. — Je conçois le dessein d’une réconciliation sincère entre le duc de Beauvilliers et le chancelier. — Singulier hasard sur le jansénisme. — Pontchartrain sauvé par le duc de Beauvilliers. — — Conversation sur les Pontchartrain avec Beringhen, premier écuyer. — Son caractère. — Union et concert le plus intime entre les ducs et les duchesses de Beauvilliers, Chevreuse et Saint-Simon. — Conduite du dernier avec le Dauphin, et sa façon d’y être. — Mon sentiment sur le jansénisme, les jansénistes et les jésuites.


Le duc de Beauvilliers jouissoit avec splendeur de l’état si changé de son pupille ; il étoit affranchi des inquiétudes de la cour de Monseigneur, et des mesures à l’égard du roi par la confiance que ce monarque donnoit à son petit-fils, et la solidité qu’y ajoutoit le goût et l’intérêt de Mme de Maintenon ravie d’aise pour sa Dauphine, et d’avoir un Dauphin