Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/363

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Concert entier entre lui et moi. — Contrariété d’avis entre le duc de Beauvilliers et moi sur la succession de Monseigneur. — Manière dont elle fut traitée ; extrême indécence qui s’y commit à Marly.


Divers endroits de ces Mémoires ont fait voir combien Mme de Saint-Simon pouvoit compter sur les bontés de Mme la duchesse de Bourgogne, et le dessein constant qu’elle eut toujours de la faire succéder à la duchesse du Lude. La place qu’elle fut forcée de remplir auprès de Mme la duchesse de Berry l’approcha de tous les particuliers ; plus elle fut vue de près, plus elle fut goûtée, aimée, et si j’ose parler d’après toutes ces têtes presque couronnées, même après le roi et Mme de Maintenon, elle fut honorée et respectée ; et les écarts de la princesse à qui on l’avoit attachée malgré elle ne firent que plus d’impression en faveur de son grand sens, de la prudence, de la justesse de son esprit et de sa conduite, de la sagesse, de l’égalité, de la modestie, de la vertu de tout le tissu de sa vie, et d’une vertu pure toujours suivie, et qui, austère pour elle-même, étoit aimable et bien loin de rebuter par ses rides. [Elle] se fit toujours rechercher par celles même dont l’âge et la conduite en étoient les plus éloignés, qui vinrent plus d’une fois se jeter à elle pour en être conseillées et tirées par son moyen des dangers et des orages domestiques où leur conduite les avoit livrées. Tant de qualités aimables et solides lui avoient acquis l’amitié et la confiance de beaucoup de personnes considérables, et tant de réputation que personne n’y fut plus heureuse qu’elle, sur quoi on peut se souvenir du conseil que les trois ministres, sans nul concert entre eux, me donnèrent, lorsque je fus choisi pour Rome, de lui tout communiquer et de profiter de ses avis. Le Dauphin, qui la voyoit souvent dans les parties particulières et toujours depuis le mariage de M. le duc de Berry, avoit pris pour elle beaucoup d’estime, d’amitié, même de confiance,