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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/398

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compagnie qu’il voyoit dans ses voyages de Paris, l’entraînèrent ; il se rembarqua dans la débauche et dans l’impiété, quoique sans nouvelle maîtresse en titre, ni de brouilleries avec Mme la duchesse d’Orléans que par celles de Mme la duchesse de Berry. C’étoit entre le père et la fille à qui emporteroit le plus ridiculement la pièce sur les mœurs et sur la religion, et souvent devant M. le duc de Berry, qui en avoit beaucoup et qui trouvoit ces propos fort étranges, et aussi mauvais qu’il l’osoit, les attaques qu’ils lui donnoient là-dessus et qui ne réussirent jamais.

Le roi n’ignoroit rien de la conduite de son neveu. Il avoit été fort choqué de son retour à la débauche et à ses compagnies de Paris. Son assiduité chez Mme sa fille et son attachement pour elle firent retomber sur lui des dégoûts continuels qu’il prenoit d’elle, et les déplaisirs souvent éclatants qu’elle donnoit à sa mère, laquelle il aimoit en père et en protecteur, et pour l’amour de qui il avoit fait ce mariage, malgré toute la répugnance de Monseigneur. Le manége de M. du Maine ne laissoit rien passer ni refroidir. Il se montroit peu à découvert, mais il faisoit le bon personnage en plaignant une sœur avec qui la haine de l’autre sœur l’avoit étroitement réuni. Les valets principaux le servoient bien ; et il disposoit d’autant plus sûrement de Mme de Maintenon, qu’on a vu, et qu’on verra encore mieux dans la suite, à quel point d’aveuglement elle l’aimoit, et combien elle haïssait M. le duc d’Orléans. M. du Maine avoit ses raisons. Il avoit travaillé au mariage dans la crainte de celui de Mlle de Bourbon ; mais, le mariage fait, il ne vouloit pas dans l’intérieur du roi, aussi familier que le sien même pour les heures libres et les entrées, qu’un prince aussi supérieur à lui l’égalât dans l’amusement, approchât de lui en amitié, et le diminuât par une considération à laquelle il n’étoit pas pour atteindre, et pour être vis-à-vis de lui. Un autre grand intérêt le portoit encore à éloigner le roi de ce prince le plus qu’il lui seroit possible. Un de ses motifs pour le mariage