Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/55

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les dût rassurer. On parla ensuite de notre conduite de cour.

Il fut résolu, M. d’Harcourt menant la parole, que nous payerions d’Antin de compliments ; que nous déclarerions notre union et notre attachement à notre défense ; que nous ne ferions pas semblant de nous douter que le roi, quoi qu’il fît, pût souhaiter contre nous, afin de l’obliger par cette surdité volontaire à des démarches plus marquées, que nous savions bien que d’Antin avec toute sa faveur n’arracheroit pas contre des personnes, desquelles plusieurs l’approchoient de si près dans ses affaires, ou autour de sa personne, outre sa conduite ordinaire en ces sortes d’affaires de se piquer de neutralité. On discuta ensuite les démarches du palais. Il fut question de donner une forme à la conduite de l’affaire.

Je rendis compte de celle du procès contre M. de Luxembourg. Il fut jugé à propos de l’imiter en tout pour celui-ci. M. d’Harcourt appuya fort sur la nécessité d’en choisir un ou deux parmi nous qui eussent la direction de l’affaire, qui y donnassent le mouvement par leur soin et leur présence ; et qui eussent le pouvoir d’agir et de signer pour tous, quand il seroit nécessaire, pour ne point perdre de temps aux occasions pressées ; puis proposa de me prier de vouloir bien m’en charger. Je n’avois pas eu peine à reconnoître que la chose avoit été agitée entre eux, auparavant l’assemblée, et résolue. Tous applaudirent, et joignirent à l’invitation la plus empressée toute l’adresse, et la plus flatteuse politesse pour piquer mon courage. Je répondis avec modestie, bien résolu à ne pas accepter un emploi dont j’avois bien prévu la nécessité et les inconvénients, et qu’il me seroit présenté. Je fus pressé avec éloquence. Je représentai que mon assiduité à la cour ne m’en pouvoit permettre assez à Paris pour suivre l’affaire d’aussi près qu’il étoit nécessaire. Comme je vis que rien ne les satisfaisoit, je leur dis que ces affaires communes ne m’avoient pas personnellement