Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/73

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Duc perd en plein son procès contre Mmes ses tantes, et avec des queues fâcheuses. — Mort et court éloge du maréchal de Choiseul. — Chevalier de Luxembourg gouverneur de Valenciennes. — Mort de Boileau-Despréaux. — Mort du fils aîné du maréchal de Boufflers, dont la survivance passe au cadet.


On a vu, dans les derniers jours de l’année précédente, le siège de Girone formé par le duc de Noailles après la bataille de Villaviciosa, et que, les neiges ayant fini la campagne de Savoie, il avoit reçu un grand renfort de l’armée du maréchal de Berwick. Ce siège commençoit à s’avancer lorsqu’un furieux ouragan, suivi d’un grand débordement d’eaux, renversa le camp et les travaux, mit l’armée en état de mourir de faim, et pensa sauver la place. L’activité fut grande à réparer un inconvénient si fâcheux, qui donna une grande inquiétude au roi, et retarda fort le siége. La basse ville fut emportée l’épée à la main ; le 23 février la haute ville capitula à condition de se rendre le 30 avec les deux forts, s’ils n’étoient pas secourus. Staremberg n’y songea pas ; la garnison sortit avec les honneurs de la guerre. Planque, qui en apporta la première nouvelle, en fut fait brigadier ; et le duc de Duras apporta celle de l’évacuation de la place, dont le gouvernement fut donné aussitôt au marquis de Brancas, au grand scandale des Espagnols.

Le comte d’Estaires porta la nouvelle de cette conquête au roi d’Espagne, il en eut la Toison ; et en même temps Beaufremont eut celle que la mort de Listenois, son frère, avoit laissée vacante dans Aire où il fut tué. En même temps aussi le duc de Noailles fut fait grand d’Espagne de la première classe. On le sut aussitôt à la cour. La maréchale de Noailles, ravie de cette nouvelle élévation de son fils, en reçut les compliments ; mais le roi trouva les compliments et la grandesse fort mauvais. Il étoit convenu avec le roi d’Espagne, depuis que les affaires tournoient mal et qu’on se voyoit forcé de désirer la paix en l’abandonnant, qu’il ne donneroit plus de grandesses ni de Toison à des François ; il