Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/74

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fut donc fort choqué des trois grâces qui viennent d’être rapportées, et il le témoigna. La maréchale de Noailles et les siens en furent transis, revomirent les compliments reçus, et ne savoient plus où ils en étoient, lorsqu’enfin le roi, apaisé par Mme de Maintenon, sans la participation de qui Mme des Ursins ne l’eût pas hasardé, consentit enfin, et les compliments furent de nouveau faits et reçus.

Le duc de Noailles pourvut Girone, sépara son armée, alla passer un mois à Perpignan, et de là à Saragosse, et à la suite de la cour d’Espagne, où il demeura plusieurs mois. On y envoya bientôt après vingt-six bataillons et trente-six escadrons, que le duc de Noailles y devoit commander à part, mais aux ordres de M. de Vendôme, et le roi d’Espagne se mettre de bonne heure à la tête de l’armée. Mais tout manqua tellement en Espagne, par les désastres et les efforts précédents, que les troupes ne purent être mises en mouvement avant la fin d’août, et que le duc de Noailles, au lieu d’être un peu général en Espagne, n’y fut que courtisan.

Malgré l’étrange détresse des affaires de ce pays-là, Mme de Rupelmonde, dont le triste mari avoit été tué à Brihuega dans les troupes d’Espagne, et lui avoit laissé un fils, sut si bien intriguer dans les deux cours, faire pitié à Mme de Maintenon, et s’aider de Desmarets beau-père de sa sœur, qu’elle obtint du roi d’Espagne une pension de dix mille livres.

Le duc de Médina-Celi mourut prisonnier à Bayonne bientôt après y avoir été transféré ; ce fut les premiers jours de février. En lui finit la seconde race de ce titre sortie d’un bâtard de Gaston-Phœbus, comte de Foix, qui épousa l’héritière de Lacerda. Le marquis de Priego, déjà plus d’une fois grand d’Espagne, fils de la sœur aînée du duc de Medina-Celi, en prit le titre et succéda à ses biens et à ses grandesses. Son nom est Figueroa ; il y ajoute celui de Cordoue.