Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 10.djvu/162

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fait, qui est raconté en son lieu, de la cassette de Mercy prise lorsque du Bourg le battit en haute Alsace, n’oublier pas les curés, les baillis et les officiers de terres de Mme de Lislebonne en Franche-Comté, les uns juridiquement exécutés, les autres en fuite ; aussitôt après cette affaire, et comme on n’étoit en nulle mesure avec la cour de Vienne, qui s’opposoit le plus à la paix et y traversoit le plus les mesures de celle de Londres, ne craindre pas de rappeler la facilité de la maison d’Autriche, à s’aider du poison pour se défaire de qui l’embarrasse, la mort du prince électeur de Bavière, et celle de la reine d’Espagne, fille de Monsieur ; et de là expliquer l’obscurité pourtant assez claire de la lettre du prince Eugène à Mercy, trouvée dans sa cassette, avec ses instructions sur l’intelligence en Franche-Comté : « Que si, malgré toutes les mesures prises, il ne réussissoit pas dans cette expédition, et qu’eux d’ailleurs ne pussent réduire la France au point qu’on s’étoit proposé, alors il faudroit en venir au grand remède ; » paraphraser bien aisément ce grand remède et l’expliquer des morts que l’on pleuroit, du péril extrême que le duc d’Anjou avoit couru, et qui n’étoit pas entièrement passé, pour forcer le roi, par le défaut de toute sa ligne aînée, de rappeler le roi d’Espagne et ses enfants, et d’en abandonner la monarchie à la maison d’Autriche ; ajouter tout ce qu’il convenoit pour frapper sur l’insigne scélératesse d’oser répandre des bruits exécrables, aussi opposés à son intérêt qu’à son honneur, quand on en trouvoit ailleurs de si conformes au crime habituel de la maison d’Autriche, et annoncés même par le prince Eugène à Mercy, autant que de telles horreurs sont susceptibles de l’être ; appuyer là-dessus avec d’autant plus de force, qu’en effet le soupçon étoit très-bien fondé par la lettre du prince Eugène, précédée de si peu d’années des deux exécutions que l’on vient de citer ; que cette sorte d’accusation de la cour de Vienne soulageoit le roi et Mme de Maintenon sur ce qu’ils avoient de plus cher,