Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 10.djvu/222

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douze mille livres pour sa course. Le prince Eugène se tenoit toujours près de Mons avec une armée hors d’état de rien faire, et celle du roi alla faire le siége du Quesnoy. Mais il faut retourner sur nos pas. Il y avoit du temps que le fort de Scarpe s’étoit rendu, la garnison de quatre cents hommes prisonnière de guerre. Saint-Pierre en apporta la nouvelle au roi. Le duc de Wurtemberg, général de l’armée de l’empereur sur le Rhin, avoit eu ordre d’attaquer nos lignes de Weissembourg ; il s’en approcha, les canonna deux jours durant sans y faire aucun mal, y perdit assez de monde, et se retira, après quoi on brûla leurs batteries. Ce fut tout l’exploit qu’il y eut de part et d’autre en Allemagne.

Il y eut du bruit en Suisse entre les cantons catholiques et protestants. Ils prirent les armes ; les derniers furent victorieux. Quoique la guerre fût fort courte, il en coûta cher aux cantons catholiques. La paix entre eux fut signée à Arrau.

Cassart, avec une escadre armée à Toulon, prit dans la principale île du cap Vert le fort et la ville de Santiago aux Portugois, où il y avoit douze mille hommes en état de porter les armes, et on n’en avoit débarqué que mille. Le gouverneur s’étoit rendu à condition qu’en payant soixante mille piastres, la ville ni les forts ne seroient point endommagés. Cependant le gouverneur, l’évêque et les principaux habitants se sauvèrent dans les montagnes. Cette fuite irrita Cassart. Il en prit prétexte de prendre quatre cents nègres et deux vaisseaux qui se trouvèrent à la rade, d’emporter les principales marchandises de la ville, puis de la piller et brûler.

Enfin le marquis de Villena, connu quelquefois sous le nom de duc d’Escalone, et le prince de Cellamare, prisonniers de guerre, furent échangés : le premier contre Stanhope, comme je l’ai rapporté en son lieu, à Bruhuega ; l’autre contre le général Carpenter. J’aurai tant à parler dans la suite de tous les deux, pendant la régence de M. le duc