Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 10.djvu/331

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pareillement, et l’un et l’autre tant qu’il voulut ; mais après tout il fallut finir.

La Vrillière dressa donc un projet de règlement avec M. du Maine pour le rapporter au roi en vingt-cinq articles, parce que j’avois demandé que tout fût bien distinct et expliqué pour ne m’exposer pas à des queues et à de nouvelles contestations. Outre que mon droit étoit clair et prouvé, et l’usage constant et constaté jusqu’aux entreprises de Montrevel contre lesquelles, dès la première, j’avois toujours réclamé, La Vrillière étoit mon ami, et de père en fils intime, et M. du Maine avoit grand désir de m’obliger en chose qu’il me voyoit fort sensible, et dont il jugeoit que son fils n’useroit jamais que par procureur, et il n’étoit pas fâché d’une occasion à se montrer équitable contre son propre fils, et de ne négliger rien pour émousser l’envie que ce nouveau présent avoit ranimée. Enfin le dimanche 19 mars, après le sermon, le règlement fut décidé par le roi dans son cabinet avec M. du Maine et La Vrillière seuls, et des vingt-cinq articles j’en gagnai vingt-quatre à pur et à plein. L’unique que je perdis fut que le gouverneur ou le commandant général de Guyenne, venant dans Blaye même, ville et citadelle, en absence et en la présence du gouverneur de Blaye, y seroit accompagné de ses gardes en bandoulières et en casaques. J’avois voulu pourvoir à la folie de la main que Montrevel avoit débitée qu’il ne me donneroit pas chez lui, mais je n’avois pas cru devoir permettre que cette impertinence parût dans le règlement avoir été imaginée. Cet article porta donc que les gouverneurs ou commandants généraux de Guyenne et le gouverneur de Blaye, se trouvant ensemble dans la province, et étant tous deux officiers de la couronne, vivroient ensemble suivant le rang de leurs offices de la couronne.

Par cette décision, non-seulement le maréchal de Montrevel ne put plus me contester la main dans sa maison, mais il fut mis hors d’état d’oser me contester la préséance sur