Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 10.djvu/362

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et à étouffer tout ce que je pouvois être. J’étois cadet, je tenois tête à mon frère, ils ont eu peur des suites, ils m’ont anéanti ; on ne m’a rien appris qu’à jouer et à chasser, et ils ont réussi à faire de moi un sot et une bête, incapable de tout, et qui ne sera jamais propre à rien, et qui sera le mépris et la risée du monde. » Mme de Saint-Simon en mouroit de compassion, et n’oublia rien pour lui remettre l’esprit. Cet étrange tête-à-tête dura près de deux heures qu’il étoit à peu près temps d’aller au souper du roi. Il recommença le lendemain avec moins de violence. Peu à peu Mme de Saint-Simon le consola quoique imparfaitement. Mme la duchesse de Berry n’osoit guère lui en rien dire, M. le duc d’Orléans beaucoup moins ; mais personne n’a osé depuis parler, non-seulement à lui, mais devant lui de cette séance du parlement, ni de rien de tout ce voyage à Paris. Le même jour, au sortir du parlement, le duc de Shrewsbury dépêcha des courriers en Angleterre et à Utrecht qui hâtèrent très-promptement la signature de la paix entre toutes les puissances, excepté l’empereur.




CHAPITRE XVI.


L’impératrice va de Barcelone à Vienne par l’Italie fort incognito. — Plénipotentiaires d’Espagne reçus à Utrecht. — Orry rappelé en Espagne. — Bassesse, caractère et fortune du duc de Bournonville. — La paix signée, publiée ; fêtes à Paris. — Hardie politique de M. et de Mme du Maine. — Bailliage d’Haguenau assuré à M. de Châtillon. — Quarante-huit mille livres d’augmentation de pension à Madame. — Douze mille livres de pension au duc de Charost. — Vingt mille livres de pension assurées à Mme de Monasterol. — Fiefmarcon lieutenant général de Roussillon. — Lueurs trompeuses sur l’archevêque de Cambrai. — Mort de Montgaillard, évêque de Saint-Pons. —