Jennings, un des amiraux d’Angleterre, avoit déjà porté l’impératrice de Barcelone à Gênes, et on vit le moment que les Catalans s’opposeroient à son départ à main armée. Elle traversa l’Italie avec peu de suite et fort incognito, et gagna le plus tôt qu’elle put Inspruck, puis Vienne. Jennings revint après faire le transport des troupes anglaises qui depuis longtemps ne sortoient plus de leurs quartiers. Le duc d’Ossone, sûr d’être admis à Utrecht, y étoit allé de Paris, et Monteléon d’Angleterre. Orry, qui étoit resté à Paris depuis que le roi l’avoit fait chasser d’Espagne et avoit été fort près de le faire pendre, y fut rappelé par le crédit de Mme des Ursins. Le roi d’Espagne en désira le consentement du roi, qui ne le voulut jamais donner, mais qui permit qu’il partît sans son aveu, et il y retourna de la sorte. Cette souveraineté de Mme des Ursins accrochoit la paix d’Espagne. On en verra le détail dans les Pièces [1] et combien le roi le trouva mauvais. C’est ce qui fit la fortune du baron de Capres, qu’elle envoya de sa part à Utrecht.
- ↑ Voir les Pièces sur la souveraineté avortée de la princesse des Ursins. (Note de Saint-Simon.)