Cette année commença par le changement de premier président du parlement de Paris. Pelletier, médiocre président à mortier, pour tenir comme l’ancien les audiences des après-dînées, avoit succédé dans la première place à Harlay, par le crédit de son père, pour qui le roi avoit conservé beaucoup d’amitié et de considération, depuis même qu’il se fut retiré du ministère. Les qualités nécessaires à une place aussi laborieuse et aussi importante manquoient au nouveau premier président. Il sentoit un poids difficile à soutenir, et qui lui devint insupportable depuis l’accident, rapporté en son lieu, du plancher qui fondit sous lui comme il étoit à table, dont néanmoins personne ne fut blessé, mais la frayeur qu’il eut, et la commotion qui se fit peut-être dans sa tête, l’affaiblit de sorte qu’il ne put plus souffrir le travail. Il traîna depuis sa charge plus qu’il ne la fit, dans laquelle son père le retenoit. Il étoit très-riche. Sa charge de président à mortier avoit passé à son fils, qui longues années depuis fut aussi premier président, ne valut pas son père, et s’en démit comme lui. Pelletier n’avoit rien à gagner à demeurer en place. Il le sentoit, elle l’accabloit, mais son père l’y retenoit. Dès qu’il l’eut perdu, il ne songea plus qu’à se délivrer, et il envoya sa démission au roi le dernier jour de l’année qui vient de finir. Cinq jours après, M. du Maine la fit donner au président de Mesmes, et le roi voulut que ce fût ce cher fils qui le lui apprît, à qui il étoit si principal d’avoir un premier président totalement à lui. Ce magistrat paroîtra