Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/108

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Jean-Paul est entièrement ignoré par Imhof [1], qui est exact et instruit des maisons d’Italie, et ne se trouve nulle part. On ne voit même personne de la maison Ursine qui ait porté le nom de Jean-Paul. Ajoutez à cette obscurité les alliances actives et passives contemporaines des Mancini, celle de cet inconnu n’imposera pas.

Une seule acquisition d’un château ruiné et quelque terre autour, aux portes de Rome, appelé Leprignana, de Jacques Conti pour cinq mille florins, revendue longtemps après quarante mille écus à un Justiniani, fait toute leur illustration. On voit aussi que, vers les temps de cette vente, leurs dots passoient mille ducats, et vers ces mêmes temps un Laurent Mancini est dit avoir servi les Vénitiens avec distinction, mais en quelle qualité ? c’est ce qui n’est point exprimé. Enfin Paul Mancini, grand-père de Mme de Bouillon, servit en 1597 à la guerre de Ferrare, on ne dit point encore en quelle qualité, épousa en 1600 Vittoria Capoccia, fille de Vincent se qualifiant patrice romain, et en eut quinze mille écus de dot. Voilà l’illustre de la race. Il revint à Rome, s’adonna à l’étude, et l’académie des Humoristes prit naissance dans sa maison. Enfin devenu veuf, il prit l’habit ecclésiastique, il laissa trois fils et deux filles. L’une épousa en 1624 Jacques Velli, l’autre Sartorio Teofilo. Jusqu’ici les alliances ne brillent pas ; les trois fils furent Laurent, qui épousa la sœur du cardinal Mazarin, longtemps avant sa fortune, et qui mourut en 1657, veuf depuis un an. Le second, Fr. Marie Mancini, eut par la nomination du roi le chapeau de cardinal en 1660. Il étoit né en 1606 et mourut en 1672. Le troisième, Laurent-Grégoire, qui étoit de 1608, mourut jeune et obscur : aucun des trois ne sortit d’Italie.

Michel-Laurent Mancini n’eut aucun emploi, point de terres connues, ne brilla pas plus que ses pères, et comme

  1. Voy. t. III, p. 265, où il est question des Recherches d’Imhof sur la noblesse espagnole.