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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/127

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avec M. de Beauvilliers, mais un commerce qui ne paraissoit point, et dont je n’ai démêlé ni le comment ni la date.

Ces deux princes du sang morts, il se tourna vers M. le duc d’Orléans, et il lui fut aisé de s’en approcher par Canillac, son ami intime, qui l’étoit de tout temps de ce prince, mais qui ne le voyoit qu’à Paris, parce qu’il ne venoit comme jamais à la cour. Il vanta donc tant le mérite de Maisons, son crédit dans le parlement et dans le monde, les avantages qui s’en pouvoient tirer et de son conseil, que M. le duc d’Orléans, accoutumé à se laisser dominer à l’esprit de Canillac, crut trouver un trésor dans la connoissance et l’attachement de Maisons.

Celui-ci, qui vouloit circonvenir le prince, ne trouva pas Canillac suffisant, leurs séparations de lieu étoient trop continuelles ; il jeta son coussinet sur moi. Je pense qu’il me craignoit par ce que j’ai raconté de son père. Il avoit un fils unique à peu près de l’âge de mes enfants ; il y avoit déjà longtemps qu’il avoit fait toutes les avances et qu’il les voyoit souvent. Cela ne rendoit rien au delà, et ce n’étoit pas le compte du père ; enfin il me fit parler par M. le duc d’Orléans. Ce fut alors que j’appris cette liaison nouvelle, combien Maisons en désiroit avec moi, estime, louanges, amitié des pères que ce prince me rapporta ; je fus froid, je payai de compliments, j’alléguai que je n’allois que très peu à Paris, et pour des moments, et je m’en crus quitte. Peu de jours après, M. le duc d’Orleans rechargea, je ne fus pas plus docile. Quatre ou cinq jours après, je fus fort surpris que M. le duc de Beauvilliers m’en parlât, me dit les mêmes choses, m’apprit sa liaison, me voulût persuader que celle que Maisons désiroit que je prisse avec lui pouvoit être extrêmement utile à bien des choses, et finalement, voyant que je n’y prenois point, employât l’autorité qu’il avoit sur moi, et me dit qu’il m’en prioit, et qu’il le désiroit puisque je n’avois point de raison particulière ni personnelle pour m’en défendre. Je vis bien clairement alors que Maisons,