Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/151

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qu’un fils et ne sortoit que du frère du roi ; tous les autres princes du sang d’un éloignement extrême, sortis du frère du père d’Henri IV, et remontoient jusqu’à saint Louis pour trouver un aïeul du roi de France. Quelle comparaison de proximité avec les petits-fils du roi, et combien de raisons, dès que droit et possibilité s’en trouvent dans leur grand-père, de leur donner la préférence et à leurs pères qui sont ses fils ? Et voilà l’aveuglement où conduit l’abandon aux femmes de mauvaise vie que Salomon décrit si divinement. Il est vrai que la vie du roi ne fut pas assez longue pour leur donner le loisir d’arriver à ce grand point.

Mais sans même comprendre cette vue dans le tissu de tant d’effrayantes grandeurs, laissant à part l’amas d’une puissance si dangereuse dans un État, et la subversion des premiers, des plus anciens, et des plus grands rangs du royaume, se renfermant dans l’unique concession du nom, titre, etc., de prince du sang, et de l’habileté après eux à la couronne, quel nom donner devant Dieu à une telle récompense d’une naissance tellement impure, que jusqu’à ces bâtards les hommes en pas un pays n’ont voulu la connoître ni l’admettre à rien de ce qui a trait au nom, à l’état, et à la société des hommes, sans s’être jamais relâchés sur ce point, dans les pays même où l’indulgence est la plus grande à l’égard des autres bâtards ? et devant les hommes, y peut-on dissimuler l’attentat direct à la couronne, le mépris de la nation entière dont le droit est foulé aux pieds, l’insulte au premier chef à tous les princes du sang, enfin le crime de lèse-majesté dans sa plus vaste et sa plus criminelle étendue ?

Quelque vénérable que Dieu ait rendu aux hommes la majesté de leurs rois et leurs sacrées personnes, qui sont ses oints, quelque exécrable que soit le crime d’attenter à leur vie qui est connu sous le nom de lèse-majesté au premier chef, quelque terribles et uniques que soient les supplices justement inventés pour le punir et pour éloigner par leur horreur les plus scélérats de l’infernale résolution de le